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Pour ses 100 ans, Disney fait le vœu d’un avenir meilleur

Disney a eu 100 ans cette semaine. Après une année compliquée, de quoi rêve la petite souris pour l’avenir ?

Un siècle d’exploration cinématographique. Ce lundi 16 octobre, Disney soufflait sa centième bougie. Pour marquer cet événement, l’entreprise de divertissement a multiplié les événements à travers le monde, que ce soit avec un film en novembre prochain — Asha et la bonne étoile — un court-métrage inédit sur Disney+ ou encore des événements dans ses parcs d’attraction, Mickey ne manque pas d’idées lorsqu’il s’agit de rendre hommage à tous les artisans de son succès.

Il faut dire que depuis ses débuts en 1923, le studio a su se rendre indispensable au panorama audiovisuel mondial. Il y a quatre ans, la firme réalisait d’ailleurs l’une de ses meilleures années, battant de nombreux records de fréquentation dans les salles obscures. Jackpot, les films issus de ses écuries Lucasfilm, Marvel, Disney Animation et Pixar ont respectivement dépassé le milliard de dollars de recettes dans le monde. Endgame, Aladdin, L’Ascension de Skywalker, les titres phare ne manquaient pas. Rien ne semblait pouvoir arrêter la petite souris noire, mais l’année 2023 a eu l’effet d’une douche froide.

Indy a choisi bien mal (et il n’est pas le seul)

En 2019, Disney établi un record avec près de 13,2 milliards de dollars engrangés rien que pour ses activités au cinéma. Captain Marvel (1,13 milliard), Endgame (2,8 milliards) ou encore La Reine des Neiges II (1,26 milliards) avant même que Star Wars IX ne finisse sa course, l’entreprise de Burbank se frotte déjà les mains. Néanmoins, la pandémie aura raison de cette croissance fulgurante, laissant Disney avec quelques stigmates. En 2023, c’est le plus célèbre des archéologues qui fait crise mine

Annoncée comme la claque estivale au cinéma, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée n’a rien eu du Saint Graal, du raz de marée espéré. Malgré la promesse de retrouver l’infatigable Harrison Ford, l’opération n’est pas rentable. Avec un budget de 300 millions de dollars, sans compter les frais de marketing et alors qu’une immense partie est reversée au exploitant de salles, ses 375 millions de recettes ne suffisent pas à lui faire franchir le cap de la rentabilité. Cette icône pour de nombreuses générations n’a pas rassemblé autant que l’entreprise l’espérait.

Le chevalier dans Indiana Jones et la Dernière Croisade
He chose… poorly – Crédits : Lucasfilm

Mais ce constat ne s’applique pas seulement à l’aventurier au Fédora. Plus généralement, la tendance — qui veut que les films à gros budget aient plus de difficultés à rentrer dans leurs frais — se vérifie un peu partout. Après avoir atteint des records de fréquentation, les studios majeurs à Hollywood sont rattrapés par leurs ambitions démesurées. En consacrant des sommes beaucoup trop importantes à leurs films, les géants de l’industrie ne peuvent plus se contenter d’un box-office à moins d’un milliard de dollars.

Outre son budget sans doute trop important, Indiana Jones a profité d’une campagne promotionnelle pour le moins surprenante. L’entreprise a misé sur une avant-première cannoise, certainement influencée par l’opération charme menée un an plus tôt par Top Gun : Maverick. Mais voilà, à la différence du film porté par Tom Cruise, la firme a proposé son dernier-né devant une presse restée sourde à ses arguments et démonstrations technologiques. Les premières critiques sont au mieux tièdes, au pire, assassines. Les stigmates du précédent film, ajouté à une part d’appréhension de la part du public, ont conduit Indy tout droit vers l’échec. Et il n’est pas le seul.

Marvel voit rouge

Depuis ses débuts avec Iron Man en 2008, Marvel est une affaire qui roule. Sous la direction de Kevin Feige, les super-héros de l’écurie se sont épanouis jusque dans les plus hautes sphères du box-office historique. Endgame a eu des allures de consécration pour l’univers connecté. Néanmoins, depuis cette conclusion à la saga du multivers, la licence peine à retrouver la lumière. Symbole de cette perte de vitesse, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania a terminé sa course bien loin de la rentabilité. Les responsabilités misent sur les épaules de la petite fourmi étaient visiblement bien trop lourdes à porter. Avec l’ambition de présenter l’antagoniste principal de la nouvelle saga, ce troisième opus a bénéficié d’une enveloppe assez conséquente, que sa place au sein du catalogue Marvel ne pouvait laisser présager.

Plus de 200 millions pour Scott Lang, le héros secondaire au sein des Avengers et qui n’avait récolté que 622,7 millions de dollars avec son second volet en 2018 pour un budget de 162 millions sans la promotion. À titre d’exemple, le premier volet des aventures des Avengers chiffrait à 220 millions pour un box-office à 1,5 milliard.

Ant-Man et le Guêpe : Quantumania n’a sans doute pas été aidé par son score de 46% de critiques positives pour la presse sur Rotten Tomatoes. Il n’enregistre qu’un box-office de 476 millions alors que l’on estime qu’un film doit récolter une somme 2,5 fois supérieure à celle investie pour être rentable. Si Les Gardiens de la Galaxie offre néanmoins à Marvel une occasion de revenir dans les grâces du public quelques mois plus tard, l’avenir reste encore incertain pour le géant du divertissement, et pas uniquement sur le grand écran.

Coucou, en fait, je ne reviens pas. Crédits : Marvel

Il y a quelques jours, The Hollywood Reporter annonçait un grand chambardement en coulisses des productions du MCU. Après une cinquantaine d’heures de programmes en deux ans, l’univers sur Disney+ montre des premiers signes de faiblesse. Secret Invasion a par exemple été largement désavouée par la critique et le public, elle a réalisé le deuxième pire lancement d’une série Marvel sur la plateforme, juste devant Miss Marvel. Si Loki semble plaire avec sa seconde salve d’épisodes, force est d’admettre que les propositions télévisuelles à la hauteur des attentes du public sont minoritaires.

Marvel aurait enfin décidé de revoir sa copie. Toujours selon le média américain, le reboot de Daredevil aurait été mis à l’arrêt après la fin de la grève des scénaristes. Avec la moitié des épisodes dans ses cartons, la série repart de zéro. Le résultat ne serait pas à la hauteur des attentes de Kevin Feige et des autres producteurs. D’importantes sommes vont êtres jetées à la poubelle, quand on sait qu’une saison coûte à peu près 150 millions de dollars à produire sous l’estampille, c’est un gâchis dont la licence se serait bien passée.

Marvel a voulu se soustraire au fonctionnement de la télévision traditionnelle, qui veut qu’un pilote soit d’abord tourné avant d’enclencher la suite, l’entreprise va finalement devoir reprendre cette bonne vieille recette. Une fois que les nouveaux créateurs seront embauchés, il leur faudra faire une démonstration de force avant de pouvoir réunir tout le monde pour mettre en boite plusieurs épisodes.

Nick Fury dans Secret Invasion
Je suis venu, vous avez vu et vous êtes déçus – Crédits : Disney+

Plus largement, une certaine lassitude semble s’installer même chez les fans de super-héros. Avec une trentaine de films au compteur et presque autant chez ses concurrents, Marvel peine à surprendre. James Gunn, réalisateur des Gardiens de la Galaxie avait lui-même avoué voir ce phénomène prendre de l’ampleur. “Je pense qu’il existe une fatigue des super-héros, mais je pense que cela n’a rien à voir avec les super-héros eux-mêmes” confiait-il à The Rolling Stones au moment de la sortie du troisième film. Selon lui, les histoires racontées ont perdu de leur saveur, à mesure qu’elles se transforment en “tas d’absurdités”.

Ce ne sont pas les spectateurs de Secret Invasion qui diront le contraire, la série ayant, elle aussi, pâti d’un chaos logistique et du départ de son créateur originel. Marvel réalise enfin qu’une bonne série ne peut pas se faire sans des auteurs impliqués tout au long du processus, et c’est déjà une bonne nouvelle.

L’animation perd de ses couleurs

En novembre prochain, Disney reviendra dans les salles obscures pour son traditionnel film de fin d’année. La dernière fois, c’était en 2021 avec Encanto : la fantastique famille Madrigal. Alors que le reste du monde a pu profiter de cette tradition vieille de plusieurs décennies, l’Hexagone en était privé. En plein bras de fer avec les autorités françaises, au sujet de la chronologie des médias qu’elle juge trop restrictive, la firme aux grandes oreilles avait finalement décidé de réserver l’exclusivité d’Avalonia, L’étrange voyage à Disney+. Cet argument n’avait néanmoins pas empêché Black Panther : Wakanda Forever de profiter d’une exploitation sur le grand écran.

Il faut dire que malgré la promesse de renouer avec le divertissement d’aventure à la Atlantide, L’Empire Perdu, le film de Don Hall et Qui Nguyen n’avait pas été un coup de cœur immédiat. Au box-office, il n’avait récolté que 73,6 millions de dollars. Un résultat bien loin de ses prédécesseurs, et surtout le deuxième échec d’affilée pour Disney / Pixar. Buzz L’Éclair, sorti quelques mois plus tôt, n’a pas non plus atteint l’infini et au-delà. Avec une enveloppe estimée à 200 millions de dollars et des recettes à peine plus importantes, le spin-off de Toy Story a prouvé que sans ses jouets, l’univers perdait de sa suprématie. En 2023, le lancement d’Élémentaire n’a pas été plus rassurant.

Élémentaire image des deux personnages principaux
Finalement, on a mis le feu aux salles – Crédits : Pixar

Mais alors que l’on voyait déjà un troisième flop poindre à l’horizon, le dernier-né du studio à la lampe bondissante profite en juin dernier d’un excellent bouche-à-oreille pour faire son trou. Après un démarrage assez faible, le film mettant en scène la rencontre du feu et l’eau parvenait à dépasser les 400 millions de dollars sur la surface du globe. Une performance pour celui que l’on a (trop) rapidement annoncé comme la preuve d’un désamour du public pour les productions Disney et Pixar.

Plus largement, l’aura des productions animées Disney reste assez prégnante sur le panorama audiovisuel et dans la culture mondiale. Selon une étude de l’IFOP, réalisée pour Voyage avec nous, 63% des Français interrogés ont regardé un programme Disney au cours des trois dernières années, dont 24% au moins une fois par mois. Néanmoins, les nouvelles productions en compte pas parmi les plus plébiscitées puisque Le Roi Lion reste le dessin animé Disney préféré des habitants de l’Hexagone (15%). Cendrillon (5%) et Bambi (4%) sont respectivement à la seconde et la troisième place. Mickey n’est pas dupe, certains de ses personnages ont le potentiel à rassembler les foules, et la petite souris entend bien miser sur leur réputation à l’avenir. Des films La Reine des Neiges, Toy Story et Zootopie sont en préparation.

Disney+ face à des questions de rentabilité

En 2019, après avoir construit son hégémonie sur le grand écran, au fil d’acquisitions comme pour Pixar ou Lucasfilm, Disney veut conquérir de nouveaux mondes. L’entreprise lorgne sur le succès de Netflix, plateforme qui a fait naître un modèle qui sera assez vite repris par les acteurs plus traditionnels de l’industrie du divertissement. Disney+ débarque en novembre de cette année avec pour principaux arguments un catalogue fourni des plus grands succès de l’histoire du 7ᵉ art et des programmes inédits attenants.

À la vitesse de l’éclair, D+ réduit l’écart avec le N rouge et enregistre une croissance exponentielle. Des millions de nouveaux utilisateurs arrivent chaque trimestre, les résultats sont bien au-delà des objectifs fixés face aux actionnaires. En novembre 2022, Disney+ avait recruté 12 millions d’abonnés supplémentaires en seulement trois mois, amenant son nombre de clients à 164,2 millions à travers le monde. Selon Bob Iger, il s’agit de “l’un des déploiements les plus réussis dans l’histoire des médias”, difficile de le contredire.

Disney+ augmente ses prix
Crédits : Disney

Reste qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, et qu’en 2023, le mécanisme commence à montrer des premiers signes de fatigue. En fevrier, pour la première fois depuis trois ans, Disney+ accuse un net recul de son nombre d’abonnés. Alors que 2,4 millions d’utilisateurs plient bagage, l’entreprise doit aussi se confronter à des questions de rentabilité de ses activités.

Après avoir investi sans compter, pour fournir son offre en productions inédites, la plateforme doit — comme ses concurrents — opérer un changement de stratégie. Si l’attractivité du service, qui est bien moins cher que Netflix, a porté ses fruits, il faut désormais trouver des manières de renflouer les caisses. Au total, l’entreprise veut économiser plus de 5,5 milliards de dollars d’ici à 2024.

Ainsi, la plateforme assez permissive concernant ses conditions d’utilisation s’apprête à déployer des mesures de restriction du partage de compte. La grille tarifaire va être révisée entièrement pour inclure un abonnement supporté par la publicité et une formule Premium facturée 11,99 euros par mois. C’est un instant clé pour Disney+, qui va devoir jouer de ses arguments pour convaincre ses utilisateurs de rester sous sa bannière. À l’heure où l’inflation impacte lourdement les budgets des ménages, et plus particulièrement celui consacré aux dépenses culturelles, Disney+ sera-t-il sacrifié ? Bob Iger parviendra-t-il à maintenir son service à la seconde marche du podium des plateformes SVOD ?

De héros à zéro

En 2022, Bob Iger revient d’une courte retraite chez Disney. Après le mandat du très controversé Bob Chapek, l’ancien PDG reprend sa casquette pour deux ans et a pour lourde responsabilité de redresser la barre au sein de l’entreprise. L’homme d’affaires est accueilli dans la liesse. Il réaffirme l’importance des salles obscures pour l’entreprise, tente de gommer la stratégie très controversée de son prédécesseur en temps de crise sanitaire et se donne pour mission de consolider les appuis de l’empire Disney. Néanmoins, ce retour en grâce est rapidement entaché par la grève conjointe des acteurs et des scénaristes, qui place Mickey et ses condisciples en position d’antagonistes.

Alors que le mouvement suscite de vives réaction, et que les négociations n’avancent pas, Bob Iger est interrogé cet été par CNBC. Au sujet de cette crise pour l’industrie, il a un mot malheureux qui ne manque pas de faire du bruit. “Le niveau d’attente qu’ils ont, ce n’est pas tout simplement pas réalisable”.

Cette citation fait rapidement le tour du globe, égratignant par la même occasion l’image de sauveur qu’avait jusqu’ici l’homme. Sur les piquets de grève, certains acteurs l’interpellent directement, même parmi ceux qui travaillent pour leur compte de l’une de ses licences. C’était le cas de Sean Gunn, acteur dans Les Gardiens de la Galaxie.

“Bob Iger gagne 400 fois ce que son employé le moins bien payé gagne, et je pense que c’est vraiment dommage”.

Selon un article édifiant de Bloomberg, les retombées de ces déclarations ont été nombreuses, au point où des spécialistes en communication ont été invités aux discussions avec les syndicats pour apaiser les tensions. Toujours selon le média américain, ses proches le disent “épuisé et dépassé”, lui qui vient pourtant de signer pour quatre années supplémentaires à la tête de la multinationale. Il devait rendre son tablier en 2024, mais restera finalement en poste jusqu’en 2026, sans qu’aucun successeur ne soit pour l’heure annoncé.

À l’aube d’une nouvelle année, et d’un nouveau siècle, reste à voir ce que l’avenir réserve au géant Disney. Les prochains mois risquent d’être décisifs, alors que toute l’industrie doit désormais tirer les conclusions d’une grève historique, repenser son modèle à l’heure du streaming et composer avec un contexte économique loin d’être favorable. Pour 2024, Disney doit faire le vœu d’un apaisement des tensions et d’une pléiade de nouveaux succès au cinéma et sur le petit écran.

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2 commentaires
  1. Lancer une phase avec un hero pas super populaire etait l erreur de Marvel , pardon mais antman … ce n’est pas vraiment lui a qui on pense quand on parle de super hero :/

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