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[Test] Star Wars Jedi Fallen Order : un beau retour de Force

Voilà longtemps que Star Wars n’avait pas connu d’expérience solo d’une telle envergure. Loin des escarmouches XXL (les Battlefront), des mignonneries grand public (les Lego Star Wars) ou encore des expérimentations VR (Vader Immortal), Fallen Order réinvestir le champ de la grande aventure, où Force et maturité font bon ménage. L’autre bonne nouvelle, c’est la présence de Respawn aux commandes. Et le papa de Titanfall et Apex a parfaitement compris comment faire du grand spectacle : en piochant ce qu’il faut, là où il faut : dans les standards du AAA actuel.

Star Wars Jedi Fallen Order Screenshot

Le récit de Fallen Order commence peu de temps après la fin de l’épisode III : La Revanche des Sith. Et le moins qu’on puisse, c’est qu’il ne fait plus bon d’être Jedi. Après avoir décrété sa grande Purge, l’Empire traque un à un les chevaliers de la Force pour les éradiquer. L’un d’entre eux, le jeune Cal Kestis, s’est planqué sur la planète Grabba, où il officie désormais comme simple ferrailleur. Mais sa couverture est compromise le jour où il se voit contraint d’user de ses pouvoirs pour sauver un de ses proches. Pourchassé par deux Inquisitrices du côté obscur (dont la Deuxième Sœur, une des disciples de Dark Vador), il trouve refuge sur le Mantis, un vaisseau commandé par une ancienne maître Jedi. Cette dernière lui propose de se réfugier sur une autre planète, pour enquêter sur une ancienne civilisation disparue. Enquête qui pourrait bien, s’ils mettent la main sur un artefact sacré, les sauver de l’extinction. A peine les présentations sont faites, le ton est posé : celui d’une approche mature, voire sombre à certains endroits, de la mythologie lucasienne, et d’un spectacle extatique et permanent, fortement imprégné des codes du 7e Art.

Sous une bonne étoile

D’autant que Respawn a eu le bon goût de s’inspirer aussi de l’école Naughty Dog. Dès les premières phases d’action, la mise en scène nous emporte dans un tourbillon de séquences catastrophes. Cal saute, escalade, rebondit contre les murs, quand il ne surfe pas à tombeau ouvert sur des plans inclinés, le tout dans des décors qui ont une fâcheuse tendance à s’écrouler à son passage, avec une gestuelle que ne renierait aucun Nathan Drake. Mais Fallen Order ne s’arrête pas à ce seul emprunt. La découverte de chaque planète (six en tout), les nombreux allers retours entre zones, laissent apparaître une progression calquée sur celle d’un metroidvania.

Star Wars Jedi Fallen Order

Progression dont le level design, fait de raccourcis à débloquer, et de sentiers imbriqués les uns aux autres, fait aussi penser à l’héritage de From Software et ses Dark Souls, chose que l’on retrouve également dans les combats. Pensés comme des duels de longue haleine, ces derniers reposent autant sur la technicité que sur l’endurance. Si des pouvoirs (pousser, attirer ou ralentir ses ennemis) nous permettent de prendre le dessus sur l’ennemi, il faut surtout apprendre par cœur les nombreux mouvements et parades que comporte l’usage du sabre laser, au risque de finir au tapis en moins de deux. Idem pour les points de sauvegarde qui, si l’on veut regagner notre énergie, feront systématiquement réapparaître tous les ennemis de la zone. Alors oui, ce n’est pas l’originalité qui étouffe le gameplay de Fallen Order. Bien souvent, le jeu ressemble à un copier/coller édulcoré de formules à la mode. Mais, s’il copie à tour de bras, il a au moins le mérite de le faire proprement, en l’adaptant à un public plus large que ses modèles.

Kashyyyk, c’est toujours chic

Très à l’aise avec l’exercice, doté de moyens plus que confortables, le studio Respawn se permet autant de largesses qu’il fait preuve d’obéissance au lore Star Wars. Par exemple, on est ravi de retrouver Kashyyyk, planète mère des Wookiees. Un cadre luxuriant et arboricole, généreux en panoramas sublimes, et qui donne même lieu (on ne spoilera rien) à l’une des séquences de batailles les plus épiques et jouissives vues cette année. Car Fallen Order ne renie jamais sur son programme premier : dérouler une épopée au long cours, menée tambour battant. Rythme, combats, cinématiques : chaque pilier du jeu ne faiblit jamais, mais au contraire vient s’intensifier à mesure que notre personnage gagne en puissance et expérience. Chaque nouveau pouvoir ou gadget vient non seulement apporter un peu de variation dans les combats, mais aussi dans les autres phases de jeu (plateformes, puzzles) avec une réelle inventivité. Respawn a surtout compris qu’une aventure d’un tel calibre doit beaucoup au charisme de ses personnages.

Si le héros principal manque cruellement de personnalité (rôle du jeune premier oblige), il vaut mieux s’en remettre au casting secondaire, excellent de bout en bout. On retiendra notamment la performance de Greez, pilote chafouin du Mantis, qui rappelle beaucoup le (mauvais) caractère blagueur d’un Han Solo, tout en restant fort attachant. Mais la palme revient surtout à BD-1, le droïde de Cal, qui mériterait à lui seul un poème. Non seulement ce petit bipède miniature est d’une utilité de chaque instant (il nous soigne, sert de tyrolienne ou encore de hacker sur certains sésames), mais sa coolitude est telle qu’on retrouve l’esprit premier de la saga, et son talent à humaniser le moindre bout de ferraille. Et les bad guys ne sont pas en reste. Outre les sempiternels Stormtroopers, chaque planète abrite son lot de bestioles dangereuses et/ou imposantes, prouvant une fois de plus l’inventivité de Respawn à savoir se réapproprier un bestiaire codifié, sans jamais le trahir. A ce titre, la noirceur de certains antagonistes nous a souvent surpris, tant leur psychologie laisse parfois place à de belles scènes introspectives ou émotionnelles. L’occasion de souligner aussi le travail sonore exceptionnel du jeu, qu’il s’agisse de sa bande-son orchestrale autant que de son doublage (même en VF), servi par un casting vocal de haute volée.

Le déjà-vu contre-attaque

Longue d’une quinzaine d’heures (en ligne droite), l’aventure de Fallen Order reste exemplaire en termes d’écriture. En termes d’expérience ludique, le constat n’est pas aussi rayonnant. Souvent, le jeu est un peu victime de sa propre générosité, conférant parfois à de la boulimie superflue. La progression globale, faite d’incessants allers-retours entre les planètes, vient parfois briser l’unité du jeu, en multipliant les impressions de déjà-vu, surtout lorsqu’il s’agit d’aller actionner un nouveau mécanisme à l’autre bout de la map, en se retapant les mêmes combats qu’à la visite précédente. Quant aux combats, si la plupart restent impeccables, on bute parfois sur de pics de difficultés incongrus, sur certains boss notamment, qui semblent un peu absurde tant ils jurent avec le reste de l’expérience, pour le coup assez magnanime avec ses joueurs. Si l’on se penche sur le public ciblé par le jeu, qui n’est pas forcément celui des hardcore gamers, il y a de quoi faire fuir quelques novices qui ne viennent ici que pour Star Wars.

Star Wars Jedi Fallen Order

Ajoutons à cela de récurrentes imprécisions dans le contrôle du sabre (ces coups ennemis qui nous touchent contre toute logique) ou les mouvements de l’avatar, pas mal d’avaries techniques (des ralentissements sur PS4 comme sur PC) et l’on obtient un jeu qui hoquette à certains endroits, signe qu’un patch massif est (à l’heure où sont écrites ces lignes) plus que nécessaire pour parfaire une expérience de jeu qui le mérite. N’est pas Naughty Dog qui veut, et c’est parfois un peu triste de le constater dans le feu de l’action. Mais pour le reste, il faut se rendre à l’évidence : Fallen Order est solide et prenant. Par sa science de l’action, Respawn est ce qui pouvait arriver de mieux à Star Wars. Voilà un studio qui réussit enfin à ouvrir une nouvelle voie possible aux adaptations vidéoludiques, pas toujours heureuses, de l’univers Star Wars. Ne reste plus qu’à espérer maintenant que, si suite il y a, elle saura trouver sa propre voie, plutôt que d’emprunter celle des autres.

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Notre avis

Pari réussi pour Electronic Arts, qui confiait une sacrée gageure au studio Respawn : livrer une expérience solo, aussi maîtrisée que fidèle à l’œuvre matrice. Certes, les défauts sont là : le jeu souffre parfois d’un manque de personnalité dans ses mécaniques, d’une répétitivité souvent grossière, et d’un manque de finition ça et là. Mais il réussit l’inespéré : ouvrir l’imaginaire Star Wars à de nouveaux horizons et de nouveaux personnages, avec une générosité et une maturité sur le modèle des cadors du AAA. Qu’on soit fan ou pas de la saga, Fallen Order aura plus d’un atout dans sa poche pour convaincre les deux bords.
Note : 7  /  10

Les plus

  • Un vrai Star Wars, dans le fond comme dans la forme
  • Rythme et variété en flux tendu
  • Une approche sombre et mature des enjeux habituels du Jedi
  • Souvent très joli à regarder
  • Un casting secondaire charismatique et/ou attachant
  • Sound design fantastique

Les moins

  • Beaucoup d’allers-retours dispensables entre les planètes
  • Une difficulté parfois mal dosée
  • Une certaine imprécision dans certains mouvements
  • Instabilité technique parfois sensible
  • Un héros un peu falot
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