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[Alors on regarde] Dracula sur Netflix rend-il à crocs ?

S’attaquer au vampire le plus célèbre n’est pas chose aisée mais Mark Gatiss et Steven Moffat s’en sortent avec les honneurs. Déclinée en trois chapitre, la série est très prometteuse. Après avoir regardé deux des trois épisodes, on est presque à “sang pour sang” conquis.

Netflix-BBC

Décidément Mark Gatiss et Steven Moffat aiment s’attaquer aux monuments de la littérature anglaise. Après avoir porté les aventures de Sherlock Holmes sur le petit écran, les scénaristes s’intéressent désormais au roman épistolaire de Bram Stocker. S’ils avaient choisi le Londres contemporain pour faire évoluer leur Sherlock 2.0, il faudra se diriger vers la Transylvanie du 19e siècle pour découvrir les aventures du Comte Dracula. La série en trois épisodes explorera une intrigue principale différente et promet de nous faire redécouvrir le personnage, largement exploité au cinéma. Le premier chapitre nous plonge dans un couvent hongrois, où un homme raconte le récit de son séjour au château du Comte Dracula. Rapidement le décor est posé, le but de cette série est bien de nous faire frissonner.

Si les premières minutes sont assez laborieuses rapidement Gatiss et Moffat réussissent à nous saisir et nous envoûter, tel Dracula avec ses proies. La magie opère, et le duo retrouve le rythme et la construction narrative qui ont fait les beaux jours de Sherlock. En voulant s’éloigner du traitement classique de la bête au cinéma, les deux scénaristes réussissent à nous faire entrer au cœur de leur imaginaire sanguinolent. Les showrunners maîtrisent l’art de la surprise et savent installer le suspens, si bien qu’on est rapidement emporté dans le flot de rebondissements qu’offre la mini-série. En s’amusant avec le spectateur et les personnages, la série réussit le tour de force de nous faire redécouvrir le mythe. On regrette néanmoins certains passages, quelque peu prétextes et qui n’ont d’autre utilité que de nous glacer le sang. Dans ses meilleurs moments, Dracula réussit à s’éloigner du roman pour offrir une nouvelle dimension au personnage.

Netflix-bbc

Faire vivre la bête

Pour incarner le comte carnassier, Gatiss et Moffat font appel à Claes Bang. L’acteur, récompensé à Cannes pour son rôle dans The Square, est brillant dans la peau du personnage iconique. Si les dialogues sont parfois un peu caricaturaux, la justesse de l’acteur danois ramène le protagoniste sur le droit chemin. Glaçant, ironique et intriguant, le comte est tantôt dépeint comme une bête sanguinaire, tantôt comme un fin stratège. En confrontant ces deux personnalités, les scénaristes réussissent à offrir à Dracula l’adversaire qu’il mérite. L’écriture des seconds rôles est tout aussi réussie, surtout avec le personnage de la nonne. Irrévérencieuse, elle incarne l’antagoniste parfait pour le vampire, et c’est sans doute à son interprète Dolly Wells qu’on le doit. Certaines scènes sont mémorables et rappellent Dracula à sa trivialité, à sa soif inextinguible.

Netflix-BBC

À la réalisation, Netflix et la BBC font confiance à un trio qui a fait ses preuves. Ainsi, le premier épisode “Les règles de la bête” est réalisé par Jonny Campbell (Westworld), le second par Damon Thomas (Killing Eve) et le troisième Paul McGuigan (Sherlock). Un choix qui fait sens et qui permet à la série de prendre des directions bien différentes pour chaque intrigue. Le second épisode est diamétralement opposé au premier et permet une nouvelle approche de la mythologie du vampire. La réalisation léchée, symbolique des séries de Gatiss et Moffat, rend souvent hommage au cinéma de genre et plus particulièrement aux adaptations de Francis Ford Coppola et Terence Fisher. La mise en scène est maîtrisée, surtout lors de l’exploration du château dans le premier épisode.

Enfin, il faut souligner l’excellent travail de Michael Price et David Arnold à la musique. Le duo de compositeur n’en est pas à son coup d’essai et avait déjà envoûté nos esgourdes avec le thème de Sherlock et plus récemment Good Omens pour Arnold. Après deux épisodes, il apparaît que Dracula est une bonne adaptation des romans de Bram Stocker. En embrassant son aspect horrifique, la série réussit à nous passionner pour les deux premiers chapitres. On espère que la magie opérera aussi bien dans le final. La mini-série est prometteuse et pourrait s’avérer être la digne héritière de Sherlock, mais il faudra faire attention à l’indigestion. Dracula devra éviter le piège de l’horreur et de la violence gratuite pour s’en sortir avec les honneurs.

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11 commentaires
  1. Personnellement j’ai vraiment apprécié cette relecture qui fait honneur au roman de Bram Stocker.
    Du moins pour les deux premiers épisodes.
    Le parti pris du troisième peut surprendre, mais il n’en reste pas moins très intéressant. Cependant la fin laisse quelque peu perplexe quant à une hypothétique saison 2.
    De mon point de vue la saison 1 se suffit à elle-même.

  2. Gloire à Jonny Campbell qui a donc réalisé le premier épisode , c’est **** ,viscéral , oppressant .Il contient même des clins d’oeil a ses illustre prédécesseurs cinématographiques (le tableau de Peter Cushing et le plan de sortie de tombeau hommage à Christopher Lee…). L’épisode 2 sur le Demeter passe encore, mais mon Dieu ce troisième épisode est le suicide d’une “relecture” intéressante, en tombant dans le soap pour cockney attardé dopé aux réseau sociaux ….

    Bref si vous aimez Dracula regardez les deux premiers et faites comme ci ,le 3 eme épisode n’avait jamais existé.

  3. je trouve que l’acteur ressemble a Dupontel, du coup j’hesite a regarder (peur de pas pouvoir garder mon serieux)

  4. 100% ok avec l’article … 4 voir 4.5/5 pour les 2 premiers épisodes .
    La fin du second m’a laissé sur le cul , dans le bon sens du terme, ce qui fait qu’on enchaîne direct le 3. La première moitié du 3 allait bien dans le sens du roman (Lucy, quincy, seward, renfield – manquait holwood) tout en étant “relu” …
    Mais la derniere partie/la fin: mon dieu quel suicide !
    Syndrome GoT : du nectar quasiment pendant 4h et … un gros prout de fin en guise de clap.

    Beaucoup de clins d’oeil dans la réalisation à toutes les précédentes adaptations du comte.
    Le chateau/les décors sont un magnifique hommage au film de Coppola (bien gothique, jeux d’ombre etc).
    Le costume du comte dans l’épisode 2, c’est celui des Bela Lugosi/ Christopher Lee dans les films Universal/Hammer ; plein de gadgets dans les décors font référence aux films de Terence Fisher.
    On est limite dans le “fan service” 🙂
    Après pour l’acteur/le jeu de Dracula : vrai qu’on est loin du love love vamp de Coppola… mais si vous avez lu le livre, le comte vampire n’est en rien “love” , c’est un ****** d’enfoiré de monstre”, chose assez bien dépeinte ici 🙂

  5. Les 2 premiers épisodes sont excellents..Le 3e épisode se passe plus à notre époque actuelle..En général, ça aurait été pas si pire comme épisode..Sauf que la fin de celui-ci…Mon Dieu…Terriblement déçu par la fin.. On dirait qu’ils voulaient juste en finir avec la série et dire “Merci Bonsoir…”..Tristement ridicule comme fin…J’ai même eu de la misère à comprendre et j’ai réécouté le dernier segment plusieurs fois…Pour revenir à la même conclusion: “Du n,importe quoi”…Bref, en général, surtout pour les 2 premiers épisodes, c’est une excellente série…Le 3, un peu moyen…Fin, totalement baclée.

  6. Ce n’est pas la série du siècle, certes, mais si vous êtes amateurs/trices du genre vous apprécierez surement plus la qualité des références cinématographiques qui y sont faites. Rien que le choix de l’acteur Claes Bang fait clin d’oeil au Dracula joué par Christopher Lee dans les années 50, à qui on doit le développement de l’aura érotique du personnage. La fin quant à elle est quelques peu inattendue et pas forcement le meilleure choix au vu des 2 premiers ep, mais on peut y voir un rapprochement à “Only lovers left alive” de Jarmusch pour sa dimension plus romantico/fataliste, ou même une équivalence à la fin de “Nosferatu” de Murnau ? En somme il vaut le coup d’oeil mais en particulier pour les recoupements cinématographiques qu’on peut faire en le regardant.

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