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L’inventeur du Segway veut produire en masse des… organes humains

L’inventeur du Segway, habitué des brevets ayant trait à la santé, s’est lancé un nouveau défi : il souhaite lancer une production de masse d’organes et tissus destinés à la greffe, à partir de cellules humaines.

Le professeur Tal Dvir (Université de Tel Aviv) et le coeur artificiel produit par son équipe en 2019. © AFP

Vous vous souvenez certainement du Segway, ce curieux engin à deux roues qui est passé pour le moyen de locomotion du futur pendant quelques temps. Son créateur, Dean Kamen, s’est récemment fixé un nouvel objectif pour le moins surprenant : il ne s’agit pas de développer le successeur du Segway mais… un laboratoire de cultures d’humains ayant vocation à être transplantés. Une direction curieuse au premier abord, mais finalement pas si surprenante de la part d’un ingénieur ayant connu une carrière très productive dans le milieu de la santé. Après sa première invention notable (un fauteuil roulant capable de monter un escalier), ce vrai Géo Trouvetout a développé des prothèses, un purificateur d’eau ou encore des pompes médicales et détient aujourd’hui près de 450 brevets.

Des gens conduisant des Segway. © ivabalk – Pixabay

Mais de là à se lancer dans la production de masse d’organes humains, il y a tout de même un sacré pas. Cette aventure a débuté en 2016, quand Kamena  fondé l’Advanced Regenerative Manufacturing Institute (AMRI), un réseau à but non lucratif permettant à certaines institutions médicales de partager leurs travaux et leurs ressources. Parti d’un don de 60 millions de dollars du Département de la Défense américain, le groupe s’est depuis développé en plusieurs sous-unités. La production d’organes, elle, revient à sa division BioFab USA, qui bénéficierait aujourd’hui de plus de 300 millions de dollars de financements d’après OneZero.

BioFab USA aurait déjà bien avancé dans la construction d’un prototype de la machine qui permettra de produire ces organes. En revanche, le mode de production prévu reste encore inconnu à ce jour : on ne sait pas si Kamen compte les cultiver dans un substrat ou s’il envisage d’utiliser la bioimpression. C’est grâce à cette dernière technique que des chercheurs israéliens de l’université de Tel Aviv sont parvenus, au printemps 2019, à imprimer de vrais petits cœurs à partir de cellules humaines, comme présenté dans cette étude passionnante résumée dans cette vidéo de l’AFP.

Une vraie usine à organes

L’objectif de Kamen, contrairement à de nombreux projets similaires, n’est pas de produire des organes au cas par cas pour ceux qui en auraient besoin, mais carrément de lancer une véritable chaîne de production de masse, comme c’est déjà le cas pour de nombreux produits, en particulier électroniques. Un concept qu’il juge totalement envisageable, expliquant à OneZero que “si la Silicon Valley peut le faire avec les semi-conducteurs, cela devrait être possible avec les tissus humains”. À noter que ce concept ne concerne pas seulement les organes internes, mais tous les tissus : en théorie, il serait par exemple possible d’imprimer un tendon, un ligament ou un nerf pour un sportif gravement blessé, ou un mètre carré de peau pour un grand brûlé. Les applications potentielles sont donc presque infinies sur le papier.

L’inventeur reste bien conscient du chemin qu’il reste à parcourir, mais indique vouloir “être prêt le moment venu”. Cela implique entre autres de trouver un moyen pour gérer le phénomène de rejet de la greffe, et c’est là le principal écueil de sa méthode. Très schématiquement, pour éviter un rejet, il faut que tissu greffé soit formé à partir de cellules que l’organisme reconnaît comme lui appartenant. Dans le cas d’une production de masse comme le prévoit ce projet, il faudrait donc soit trouver un moyen de supprimer entièrement le rejet après-coup, soit de produire un tissu universellement toléré, ou d’implémenter en partie une dose au cas par cas. Quelle que soit la solution choisie, il faudra encore patienter des années avant qu’un tel système se mette en place, mais il s’agit néanmoins d’une vraie piste pour faire face à une demande d’organes et de tissus toujours plus importante. Que ce soit le projet de Kamen qui y parvienne ou non, il est presque certain qu’une technologie de ce type verra le jour à moyen terme : reste à voir qui remportera cette course qui révolutionnera sans doute, un jour, la médecine mondiale.

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