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La NASA ouvre l’un des derniers trésors d’Apollo, intouché depuis 50 ans

Les scellés contenant les échantillons lunaires sont précieux et ne sont ouverts que dans des cas exceptionnels… comme les préparatifs de la mission Artemis.

En quelques décennies d’exploration, l’aérospatiale américaine a collecté un grand nombre de pépites scientifiques. Mais peu sont aussi glorieux que le véritable trésor qui se cache derrière le Lyndon B. Johnson Space Center à Houston, au Texas. Ce laboratoire de pointe, conçu comme une véritable forteresse, abrite en effet certains des artefacts scientifiques les plus convoités de la planète : les échantillons collectés sur la Lune à l’occasion des missions Apollo.

À l’origine, ces totems du patrimoine scientifique mondial ont été conditionnés directement sur la Lune, à la faveur du vide sidéral. L’objectif : éviter toute contamination à base de matériel terrestre. En effet, même un petit filet d’oxygène serait potentiellement capable d’altérer l’échantillon; cela aurait pour effet de compromettre son intégrité et, par conséquent, de ruiner toute valeur scientifique. Un véritable drame compte tenu de leur rareté exceptionnelle.

Pour cette raison, depuis qu’ils ont été rapportés par les équipages successifs, ces cailloux inestimables reposent toujours dans le vide original, tel qu’il a été collecté par les équipes d’Apollo. Chacun d’entre eux est entreposé sous plusieurs couches de scellés. Ils sont conservés dans des caissons stériles, pressurisés et à atmosphère contrôlée, eux-mêmes installés dans une pièce ultra-sécurisée dont l’accès requiert un protocole de décontamination très strict.

Une équipe de choc au service des joyaux de la NASA

Vous l’aurez compris : la NASA ne plaisante pas avec ses “moonrocks”. Elle veille sur ces joyaux grisâtres comme la prunelle de ses yeux. Il faut donc avoir une excellente raison pour extraire un échantillon de son écrin de métal, et même les institutions les plus renommées doivent jouer des coudes pour avoir droit à un fragment. C’est d’autant plus vrai que sur le site principal du Texas (il existe deux autres stockages de secours, dont un top-secret), la majorité des scellés ont déjà été ouverts.

Sur place, toutes les manipulations sont réservées à un groupe de spécialistes triés sur le volet; tous sont issus de laboratoires prestigieux, et sélectionnés pour leur sens du détail et leur minutie à toute épreuve. Pas question de confier des objets aussi précieux à des manipulateurs de seconde zone.

Leur rôle est habituellement de cataloguer, de peser, de fragmenter, et de conditionner les roches lunaires. Un travail déjà passionnant en temps normal, et encore plus en ce moment; en effet, l’équipe de scientifiques a récemment eu le privilège d’ouvrir l’un des tout derniers scellés encore vierges dans l’objectif de préparer les missions Artemis.

Une relique intouchée depuis un demi-siècle

En l’occurrence, il s’agit d’un échantillon rapporté par l’équipage de la mission Apollo 17, la toute dernière à avoir emmené des humains sur la Lune en décembre 1972. Cela fait donc presque 50 ans que l’échantillon 73001 attend patiemment son heure dans les armoires du Johnson Space Center.

Il fait partie des rares éléments encore intacts, et demeure intouché depuis son retour sur Terre. En effet, la NASA conserve certains de ces échantillons sur de très longues durées. L’objectif est de réserver des morceaux au cas où de nouvelles technologies apparaîtraient; le cas échéant, cela permet de procéder à des analyses plus poussées que ce qui était possible à l’époque. Et c’est exactement à ce résultat que l’agence espère parvenir en déballant le numéro 730001.

Il va désormais être observé sous toutes les coutures avec une grande attention. Les chercheurs s’intéressent tout particulièrement aux rares gaz présents dans le scellé. En effet, puisque cette roche a été scellée dans le froid de l’espace, les chercheurs estiment que des composés dits volatils, c’est-à-dire susceptibles de s’évaporer à température ambiante, ont pu se retrouver piégés dans l’échantillon.

Il ne s’agit pas d’une contamination dommageable, au contraire; ces gaz sont des éléments extrêmement intéressants pour les chercheurs. S’ils parviennent à les extraire, ils pourront alors les soumettre à l’oeil intransigeant d’un spectromètre de masse moderne.

Cette technologie qui permet de quantifier les différentes molécules dans un échantillon a progressé à une vitesse fulgurante ces dernières années; elle a aujourd’hui atteint niveau de précision sidérant, et les chercheurs espèrent donc bien qu’elle leur permettra d’aboutir à de nouveaux résultats encore plus précis et concluants sur la géologie lunaire.

Des extraits de l’album de l’échantillon 700002, lui-aussi rapporté par Apollo 17. Ces éléments ont été catalogués en 2014. © NASA

Préparer le terrain pour Artemis

Mais l’équipe de recherche va aussi devoir tempérer ses ardeurs. Depuis que le sceau a été brisé le 11 février dernier, l’équipe a tout juste eu le temps de confirmer l’absence d’autres contaminants. Reste désormais à abattre le gros du travail; ils ont commencé à percer l’échantillon. Avec un peu de chance, ils réussiront à en extraire quelques molécules de gaz piégées dans la roche.

Là encore, il s’agit d’une manipulation infiniment délicate; elle doit être réalisée sur plusieurs semaines afin de permettre aux instruments de faire leur office en toute sérénité. Ils pourront alors dresser un catalogue complet des gaz de l’échantillon.

A ce stade, ils attaqueront la dernière étape. Il s’agira de récupérer la masse solide de l’échantillon, qui fera à son tour l’objet de nouvelles analyses extrêmement poussées. Mais la NASA n’a aucune intention de se précipiter. Elle n’a d’ailleurs pas défini de date précise pour cette échéance. Le communiqué révèle simplement que cette étape débutera “au printemps”.

Tous ces éléments permettront de préparer le terrain pour les futures missions Artemis, qui prévoient à terme de ramener des humains sur la Lune en 2026. Ils permettront de définir les priorités une fois sur place, et éventuellement d’identifier de nouvelles pistes de recherche intéressantes. Au cours des mois à venir, nous pourrions donc apprendre de nouvelles informations sur la Lune à partir du matériel original, quand bien même aucun humain n’a foulé la surface de la Lune depuis bientôt un demi-siècle. Décidément, on n’arrête pas le progrès !

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Source : NASA

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