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Automobile : la première source de pollution n’est pas celle que l’on croit

L’intuition pourrait suggérer que les gaz d’échappements sont la première source de pollution automobile, mais les pneus sont également très problématiques.

C’est un fait établi depuis bien longtemps déjà ; l’automobile traditionnelle, avec son moteur à combustibles fossiles, est un désastre écologique de première catégorie. Mais la source de cette pollution au sein de la voiture, en revanche, est beaucoup moins intuitive qu’on pourrait le penser.

C’est en tout cas la conclusion d’une série de travaux menés par Emissions Analytics, une entreprise spécialisée dans la mesure des polluants atmosphériques. Ils se sont intéressés au plus petit calibre de particules fines – celles dont la taille ne dépasse pas 23 nanomètres de diamètre.

Leur taille fait qu’elles sont difficiles à quantifier et à étudier. Pour cette raison, d’après le Guardian, elles ne sont régulées ni par l’Union européenne ni par les États-Unis. Un véritable non-sens en termes de santé publique. Car à cause de leur taille, ces particules peuvent se loger dans les organes par l’intermédiaire de la circulation sanguine, et ainsi augmenter considérablement le risque de cancer.

© Nerivill – Pixabay

L’usure des pneus plus polluante que l’échappement ?

Lorsqu’on observe une voiture, l’origine de ces particules semble tout simplement évidente. C’est dans le moteur qu’a lieu la combustion du carburant; la majorité des particules fines doit donc provenir directement de l’échappement, non ? Raté; selon cette étude, les principaux coupables seraient avant tout les quatre couronnes de caoutchouc qui viennent garnir vos essieux.

Lors des tests, les chercheurs ont déterminé que l’échappement produisait en moyenne 0,02 milligramme de particules fines par kilomètre. Les pneus, en revanche, en produisaient en moyenne 36 mg/km – soit quasiment 2000 fois plus de particules fines que l’échappement.

Et il s’agissait là d’une conduite posée dans des conditions normales. Toujours selon le Guardian, quand les chercheurs ont poussé leur Mercedes Classe-C dans ses retranchements avec ce qu’ils décrivent comme une “conduite très agressive”, les émissions ont atteint un invraisemblable 5760 mg/km… soit près de 300 000 fois le chiffre mesuré au niveau de l’échappement de voitures très récentes.

Évidemment, il faut prendre les chiffres exacts avec des pincettes. Les mesures au niveau de l’échappement ont par exemple été réalisées uniquement sur des véhicules âgés de 2 à 3 ans maximum. Elles ne sont donc pas représentatives de l’ensemble du parc automobile. Mais dans l’ensemble, la conclusion reste la même. Et elle va continuer de s’imposer au fil du remplacement des vieux véhicules plus aux normes.

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La démocratisation des véhicules électriques et des SUV augmente le taux d’usure globale des pneus. © Martin Katler – Unsplash

Un aspect sous-estimé de la pollution automobile

Les pneus éclipsent rapidement les pots d’échappement en tant que source majeure d’émissions des véhicules” explique Nick Molden, l’un des chercheurs à l’origine de l’étude. Après des années de durcissement des normes écologiques, il affirme que “les pots d’échappement sont désormais tellement propres que si on repartait de zéro aujourd’hui, on ne s’embêterait même pas à les réguler”.

Il faut évidemment se satisfaire des progrès relatifs réalisés par l’industrie sur la question des gaz d’échappement. Par contre, on ne peut pas en dire autant du côté des pneumatiques. Ces éléments sont extrêmement régulés pour tout ce qui relève de la tenue de route et de la fiabilité; en revanche, c’est une autre histoire pour leur composition.

D’après le Guardian, elle n’est quasiment pas soumise à la moindre régulation. Or, les chercheurs d’Emissions Analytics ont identifié un grand nombre de composés hautement toxiques ou cancérigènes. Or chaque année, c’est l’équivalent de 300 000 tonnes de pneus qui est déchiqueté par l’asphalte et rejeté dans l’environnement sous forme de particules fines, rien qu’aux États-Unis et en Grande-Bretagne…

Un besoin urgent de réglementation

Une situation problématique que les chercheurs aimeraient voir changer. Ils expliquent qu’il y a un besoin urgent de réguler la composition des pneus. Cela permettrait de se débarrasser au moins des composés les plus problématiques. “Si on pouvait éliminer la moitié la plus mauvaise, et la ramener au niveau des meilleurs, on pourrait faire une différence massive”, explique Molden. “Mais à l’heure actuelle, il n’y a aucun outil de régulation ni aucune surveillance”, déplore-t-il.

L’autre problème, c’est que contrairement aux gaz d’échappement pour lesquels la situation s’améliore avec l’évolution des normes, le problème des pneus pourrait être accentué par les tendances de l’industrie. En effet, de plus en plus de consommateurs ont tendance à opter pour des SUV, particulièrement lourds. Cela impose une contrainte d’autant plus forte aux pneumatiques… qui ont donc tendance à s’user plus rapidement, avec tout ce que cela implique pour les émissions de particules fines.

Dans une moindre mesure, le problème pourrait aussi concerner les véhicules électriques. Ils ont tendance à être plus lourds que les équivalents traditionnels à taille égale, à cause de la présence des batteries. Mais en l’état, l’industrie manque encore un peu de recul sur cette question. Si l’on se réfère aux études actuelles, l’usure moyenne des pneus ne semble pas vraiment plus importante sur les véhicules électriques.

Mais quoi qu’il en soit, après plusieurs décennies de lutte pour assainir les moteurs des véhicules et d’innombrables polémiques sur la consommation et les émissions, il sera donc très intéressant de voir comment l’industrie automobile va négocier ce nouveau virage serré dans ce contexte où les microplastiques deviennent un problème à l’échelle mondiale.

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3 commentaires
  1. AHA….encore une bonne source de taxes a venir…parce que là ca marche pour l electrique et l hydrogène aussi, ouf l etat est sauvé

  2. Que les pneus “polluent” plus que les moteurs signifie juste que la pollution automobile est minime, inexistante.

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