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Le streaming fait-il vraiment du mal au cinéma ?

Une étude interroge l’intérêt du public pour les films sortis au cinéma mais qui rejoindront prochainement les plateformes de streaming.

Salon ou salles obscures ? Depuis l’arrivée des plateformes SVOD, les différents acteurs du secteur sont régulièrement accusés d’avoir un impact négatif sur la fréquentation des salles. Dans une étude de l’IFOP, publiée en 2022 et commandée par l’Association française des cinémas d’art et d’essai, on apprenait que 29% des personnes interrogées déclaraient aller moins souvent au cinéma depuis qu’elles s’étaient abonné à Disney+, Netflix ou encore Prime Video. Au lendemain d’une pandémie qui a bouleversé nos habitudes, et qui a contraint de millions de gens à rester chez eux, les plateformes SVOD avaient connu un essor important. Sur le sol américain, la stratégie de Warner Bros, qui consistait à sortir ses films simultanément sur HBO Max et au cinéma, avait été vivement critiquée par l’industrie.

Le studio avait été imité par nombreux de ses concurrents directs, à commencer par Disney qui semblait avoir fait de sa plateforme SVOD sa priorité. Ainsi, plusieurs métrages annoncés au cinéma avaient atterri directement au catalogue du service de streaming. En France, le dernier-né de Pixar avait été purement et simplement privé de sortie en salles. Mais alors que les salles obscures reprennent des couleurs, le cinéma doit-il encore craindre le streaming ?

C’est la question que s’est posée l’institut d’analyse et de recherche américaine UTA IQ. L’organisme a interrogé 2000 spectateurs américains, âgés de 16 à 69 ans. Le constat est sans appel. Les deux tiers d’entre eux indiquent que la fenêtre d’exclusivité au cinéma n’impacte pas leur choix d’aller au cinéma ou non. Concrètement, ils ne sont pas découragés de se rendre dans les salles obscures en apprenant que le film sera disponible quelques semaines plus tard via une plateforme de streaming. Mieux, 75% des personnes ayant répondu aux questions indiquent vouloir aller plus souvent au cinéma en 2023. Seulement 28 % de ce panel considère avoir accès à assez de films depuis leurs salons.

Des films originaux ?

Netflix, Disney+ et Prime Video comptent toutes à leur actif un succès mondial. Le N rouge peut par exemple compter sur la popularité de Stranger Things pour créer l’événement à chaque nouvelle saison, alors que Disney+ a réalisé de beaux scores avec The Mandalorian. Prime Video a The Boys, qui récolte de nombreux suffrages aussi bien auprès des amateurs de super-héros que de leurs détracteurs.

Du côté des longs-métrages, c’est un peu plus compliqué. Si les plateformes ont quelques jolies surprises dans leurs rayons, ils sont visiblement loin d’être inoubliables. Interrogés sur les films originaux qu’ils ont pu découvrir en streaming, 75 % des utilisateurs d’une plateforme du genre ne semblent pas s’en rappeler. Il en va de même pour les films ayant bénéficié d’une sortie au cinéma avant d’être proposé à la demande. Plus étonnant, trois des films présents au top 5 de Netflix sont d’abord des productions pour le grand écran. La firme est ainsi surtout une manière de faire vivre plus longtemps un film qui déjà largement fait ses preuves au cinéma. C’est le cas de Top Gun : Maverick porté par Tom Cruise qui n’est pas encore disponible en France du fait de la chronologie des médias.

Les plateformes ne font pas de bons films ?

En 2022, Netflix a dévoilé pas moins de 88 métrages originaux à ses utilisateurs. Entre Enola Holmes 2, Glass Onion et Adam à travers le temps, l’entreprise n’a pas chômé. Diviser pour mieux régner, la plateforme n’a en revanche pas toujours rencontré un succès critique. L’actuel détenteur du titre de film le plus vu à son lancement sur Netflix affiche seulement 36 % d’avis positifs du côté de la presse contre 92 % pour le public. Don’t Look Up, réalisé par Adam McKay est à la seconde place, mais ne récolte que 56 % des suffrages contre 78 % pour les spectateurs. D’autres semblent avoir fait l’unanimité à l’instar de Glass Onion réalisé par Rian Johnson qui affiche un score critique de 92 % des deux côtés.

Le second volet des aventures de Benoit Blanc fait d’ailleurs parti des films cités par les spectateurs interrogés dans l’étude. Reste que sur 80 propositions, peu on réussi à s’inscrire dans la légende. Le cinéma a aussi quelques déboires l’an passé, avec des films ayant réalisé de véritables naufrages comme Morbius qui a fait couler beaucoup d’encre à sa sortie en janvier 2022. D’autres sont arrivés par surprise en tête des nominations aux différentes cérémonies, à l’instar de Everything Everywhere All At Once qui a raflé la mise aux Oscars.

Pour le PDG de UTA, l’étude est une manière de prouver ce qu’ils pensaient, “qu’il n’y rien de mal dans l’industrie cinématographique que de meilleurs films et des cinémas plus propres ne peuvent pas réparer. Le public veut une certaine variété, comprenant des franchises qu’il aime, des suites bien faites ou de grands films originaux avec des personnages forts et des univers immersifs.” Il ajoute : “En tant qu’industrie, nous devons retrouver la confiance nécessaire pour aspirer à faire de grands films de toutes sortes qui inspireront le public des salles.”

Reste que l’année dernière, de nombreux films s’y sont cassé les dents. On peut citer Babylon, plutôt bien accueilli dans nos vertes contrées, mais aux allures de catastrophe économique aux États-Unis. The Fabelmans, malgré les éloges qu’il a reçu, n’a de son côté amassé que 42 millions de dollars alors même que son enveloppe est estimée à 40 millions.

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