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Artemis 3 : la NASA envisage de renoncer à l’alunissage

A cause des retards accumulés par ses prestataires, dont SpaceX, la NASA explore l’idée de renoncer au retour des astronautes sur la Lune lors de la mission Artemis 3. Cette échéance pourrait être reportée à une mission ultérieure.

Officiellement, la NASA envisage toujours d’envoyer des astronautes sur la Lune à l’occasion de la mission Artemis 3, qui reste prévue pour décembre 2025. Mais plus le temps passe, plus les observateurs se montrent sceptiques quant à cette date. Alors qu’elle semblait déjà ambitieuse il y a quelques années, elle apparaît désormais de plus en plus irréaliste, la faute à des technologies cruciales dont le développement a accumulé un retard conséquent.

De nombreux experts s’attendent donc à ce que cette mission historique, la première à ramener des humains sur notre satellite depuis plus de 50 ans, soit repoussée. Mais d’après l’AFP, la NASA pourrait finalement opter pour une approche différente : conserver la date, mais faire une croix sur l’alunissage habité et le repousser à une mission ultérieure.

« Nous essayons de considérer toutes les missions qui nous permettraient de continuer à apprendre », a expliqué Jim Free, responsable du vol habité à la NASA. Et si Artemis 3 n’était pas prête à temps, « nous pourrions envisager une mission différente », a-t-il concédé.

Une collaboration chaotique avec le privé

C’est loin d’être la première déconvenue par rapport à ce grand programme. En effet, si la nouvelle stratégie de la NASA qui consiste à se reposer énormément sur le privé a déjà produit de beaux résultats, elle introduit aussi des difficultés supplémentaires. Il est très compliqué de coordonner les efforts de plusieurs partenaires industriels; ce rôle de plaque tournante n’a pas que des avantages, et l’agence l’a appris à la dure dès Artemis 1.

Lorsqu’elle a été annoncée pour la première fois en 2012 sous le nom d’EM-1, la première mission du programme avait déjà donné du fil à retordre à l’agence. Elle était censée avoir lieu cinq ans plus tard, en 2017 ; le délai a finalement doublé après de nombreux reports, et elle n’est partie qu’à l’automne 2022.

La pandémie de Covid-19 n’a pas aidé à finaliser le parcours déjà très compliqué du Space Launch System. Le développement de l’immense fusée de Boeing, pièce maîtresse du programme, a enchaîné les retards et les explosions des coûts, si bien que la NASA a même songé à changer de partenaire.

La mission a finalement été un grand succès. Mais fatalement, ces délais se sont répercutés sur les missions. Cela a prouvé qu’il faudrait mesurer ses attentes par rapport aux échéances ultérieures.

Et ce constat vaut déjà pour Artemis 2, la seconde mission où quatre astronautes devraient embarquer pour un voyage autour de la Lune. Elle est prévue à l’automne 2024, mais cette date reste en suspens. Puisqu’elle fera intervenir des astronautes en chair et en os, la NASA va devoir prendre énormément de précautions pour valider chaque détail de la capsule Orion, même si cette dernière a apporté satisfaction lors du premier vol non habité.

Le cas épineux du Starship et du HLS

Et la difficulté va encore augmenter de façon exponentielle après cette échéance. En effet, Orion n’est pas conçue pour se poser sur la Lune. Pour rallier la surface de notre satellite, l’équipage sera transféré dans un alunisseur dédié baptisé HLS, pour Human Landing System. Et ce dernier a déjà causé bien des maux de tête à la NASA.

En effet, comme pour le SLS et Orion, la NASA a choisi de s’appuyer sur un prestataire tiers pour la conception du véhicule. C’est finalement SpaceX qui a gagné le gros lot, au grand dam de Blue Origin qui était également sur les rangs. Fâchée d’avoir été évincée de ce programme éminemment prestigieux pour des motifs qu’elle estimait illégitime, la firme de Jeff Bezos a intenté un procès à la NASA.

Blue Origin n’a pas obtenu gain de cause sur ce dossier, et devra se contenter de développer l’alunisseur de la mission Artemis 5, actuellement prévue pour 2029. Mais cette guerre judiciaire a paralysé le programme pendant plusieurs mois, repoussant encore les prochaines échéances.

Désormais, tous les regards sont à nouveau tournés vers le privé. Cela concerne notamment Boeing, qui va devoir remettre le SLS et la capsule Orion en ordre de marche, mais aussi et surtout SpaceX. En effet, la mission reste entièrement suspendue aux progrès de la firme d’Elon Musk. Elle a choisi de baser son HLS sur le fameux Starship ; or ce dernier est encore loin d’être parfaitement au point.

Le choix de la raison ?

Cet été, Jim Free s’était d’ailleurs publiquement inquiété de l’avancement du véhicule. « Il va falloir beaucoup de lancements pour remplir ces missions. Et avec les difficultés rencontrées par SpaceX, je pense que c’est vraiment préoccupant », a-t-il concédé. « Il leur reste un nombre considérable de lancements à valider, et évidemment, cela m’inquiète par rapport au calendrier d’Artemis 3 ».

Ces partenaires sont donc attendus au tournant. « Nous avons retenu la date butoir de décembre 2025 pour tous les prestataires », a indiqué Free. « Si cette échéance est dépassée, nous pourrions finir par lancer une mission différente ». Il a aussi précisé que la NASA avait déjà commencé à explorer des alternatives.

Et même une fois que Boeing, SpaceX et consorts seront fin prêts, il faudra encore qu’Axiom termine une fois pour toutes ses combinaisons spatiales de dernière génération. Les quatre agences partenaires (NASA, ESA, JAXA, CSA) devront aussi accélérer sur le dossier du Lunar Gateway, la petite station qui servira d’avant-poste orbital au service du programme.

Il va falloir un grand alignement des planètes pour que tous ces acteurs soient prêts à temps. Or, la NASA n’a aucun intérêt à se précipiter; il pourrait être plus pragmatique de mettre revoir ces attentes à la baisse, et il est donc de plus en plus probable que ce changement de programme se concrétise.

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Source : AFP

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