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Virgin Galactic a enfin embarqué ses premiers touristes spatiaux

La firme de Richard Branson passe enfin aux choses sérieuses, et continue d’avancer ses pions pour s’imposer dans une industrie qui pourrait bientôt peser des milliards de dollars.

Après une période excessivement compliquée pour le groupe de Richard Branson, Virgin Galactic vient enfin d’embarquer ses premiers touristes aux portes de l’espace, à l’occasion du second vol commercial de son SpaceShip Two. Enfin le bout du tunnel ?

Comme toujours chez Virgin, pas de fusée à l’horizon. La mission qui est partie ce jeudi 10 août du Spaceport America ,dans le Nouveau-Mexique, elle a débuté avec le décollage d’un premier avion porteur, Eve. Cet engin était chargé d’emporter le véhicule star de la mission, baptisé VSS Unity, et ses  passagers jusqu’à une altitude d’environ 13,5km.

Les deux véhicules se sont alors désolidarisés. Eve est retournée se poser tranquillement au Spaceport America, tandis que l’Unity a continué son ascension de son côté. Il a grimpé jusqu’à 88 kilomètres du niveau de la mer avant de se reposer sans encombre une heure et demi après le décollage.

Les premiers touristes “spatiaux” de l’entreprise

Si cette mission était importante pour Virgin Galactic, c’est qu’elle embarquait les tout premiers touristes spatiaux de son histoire. Le premier de ces trois passagers privés était Jon Goodwin, ancien canoéiste olympique. Les deux autres sièges étaient occupés par Keisha Schahaff et Anastatia Mayers, une mère et sa fille.

Les billets des deux dernières ont été payés par Space for Humanity, une organisation à but non lucratif. Sa mission consiste à organiser des voyages à haute altitude pour faire ressentir l’effet de surplomb à des personnes qui n’en auraient jamais eu l’occasion autrement.

Ces trois néophytes des hautes altitudes n’étaient cependant pas seuls. Ils étaient accompagnés de deux pilotes chevronnés, CJ Sturckow et Kelly Latimer. Cette dernière est d’ailleurs devenue la première femme pilote à participer à un vol suborbital. Le dernier siège était occupé par l’entraîneure en chef de Virgin Galactic, Beth Moses.

Les passagers du VSS Unity lors du vol Galactic 02
© Virgin Galactic (Capture d’écran YouTube)

Le terme de touristes spatiaux doit cependant être pris avec des pincettes. Car techniquement, les passagers ne sont pas véritablement allés dans l’espace. Ils se sont arrêtés à 12 km de la Ligne de Karman qui représente la frontière officielle de notre planète. Il est assez amusant de constater que Virgin fait tout son possible pour gommer cette distinction à chaque déclaration, en martelant les mots “espace” et “astronautes” à chaque occasion.

Mais au-delà de ces détails techniques finalement assez anecdotiques, il faut reconnaître que peu de civils sans aucune expérience préalable s’en sont approchés à ce point. Il s’agit déjà d’un premier pas qu’il convient de saluer. Et Virgin Galactic compte beaucoup dessus pour lancer son offre commerciale une bonne fois pour toutes.

Pour rappel, contrairement à SpaceX qui se concentre sur le versant scientifique, l’objectif ultime de Richard Branson et de ses troupes est de démocratiser le tourisme spatial et de le rendre accessible au commun des mortels. Jon, Geisha et Ana incarnent notre croyance que l’espace appartient à tout le monde, et nous sommes fiers que le vol d’aujourd’hui ait inspiré des gens et des communautés partout dans le monde”, s’est réjoui Michae Colglazier, PDG de Virgin Galactic.

 

Un succès très attendu après des années de galère

Au bout du compte, cette mission que les troupes de Virgin attendaient avec impatience représente une vraie bouffée d’air frais pour la firme. Car depuis le coup d’éclat de Branson qui était devenu le premier milliardaire à flirter avec la frontière de l’espace en 2021 au nez et à la barbe de Jeff Bezos, VG a vécu une année pour le moins morose.

L’administration américaine a révélé que de « graves incidents » étaient survenus lors de ce vol très médiatique. L’autorisation de vol du SpaceShipTwo (la catégorie d’appareils à laquelle appartient le VSS Unity) a été suspendue dans la foulée. Même si tous les passagers s’en sont sortis sans une égratignure, cet incident a rappelé de mauvais souvenirs aux dirigeants. En 2014, un SpaceShipTwo s’est désintégré en plein vol suite à une erreur du copilote avant de s’écraser dans le désert du Mojave.

Ces casseroles n’incitaient pas à l’optimisme par rapport à l’avenir de la firme. Des experts de l’industrie s’attendaient à ce que la filiale de Virgin finisse par mettre la clé sous la porte, après des années de débâcle financière. Branson et ses troupes ont finalement réussi à redresser la barre grâce aux réservations de ces voyages. Elles ont enfin permis d’engranger quelques bénéfices salvateurs. Mais la partie n’est pas encore gagné pour autant.

Enfin le bout du tunnel ?

Pour le groupe, l’objectif du vol était avant tout de soigner son image auprès des investisseurs et du public. Désormais, il va falloir mettre les bouchées doubles pour vendre ce produit unique en son genre. Space for Humanity ne sera pas toujours là pour financer des places; il va falloir convaincre des clients fortunés de payer leurs propres sièges, et vite.

Cela pourrait s’avérer assez difficile dans un premier temps, sachant qu’il faut débourser environ 400000€ pour s’offrir une place à bord. Une facture décidément salée pour une belle vue et quatre petites minutes de microgravité…

Colglazier espère tout de même pouvoir organiser un voyage par mois et faire baisser le prix au fil du temps. Mécaniquement, cela permettra d’attirer un public de plus en plus large. Mais D’après SpaceNews, l’entreprise se montre réaliste. Elle ne s’attend pas à ce que cette activité génère de gros revenus dans l’immédiat.

Virgin Galactic vise en fait plus loin. Le vrai objectif de cette démarche, c’est d’avancer ses pions pour se placer en tant que leader incontesté du tourisme spatial sur le long terme. De nombreux spécialistes s’attendent à ce que cette industrie explose d’ici quelques années. Il pourrait alors s’agir d’un marché à plusieurs milliards de dollars. Et si ces pronostics se vérifient, Virgin sera parfaitement positionné pour se tailler la part du lion. Rendez-vous à l’horizon 2030 pour voir si ce pari audacieux finira par payer.

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3 commentaires
  1. Je crois que la pollution et l’utilisation abusive des matières premières sont autorisées pour les ultra-riches mais pas pour les pauvres.

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