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[Critique] Blood Machines : un petit bijou de science-fiction made in France

Prenez deux réalisateurs français, une figure majeure du darksynth, un peu de Métal Hurlant et surtout, une énorme envie de bousculer les codes et vous obtenez Blood Machines, véritable déclaration d’amour à la science-fiction et au cinéma en général.

Comment raconter Blood Machines sans le comparer aux nombreux films de science-fiction qui déboulent sur nos écrans ? Facile, il ne ressemble à aucun d’entre eux. Ce moyen-métrage (50 minutes) a débarqué dans nos salles en circuit fermé en faisant beaucoup de bruit partout où il est passé, comme pour annoncer la couleur : vous n’avez pas fini d’en entendre parler.

À l’origine, on y trouve deux réalisateurs français, Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard, réunis sous un même pseudonyme, Seth Ickerman, un spécialiste de ce qu’on pourrait appeler « les films de garage », c’est-à-dire des projets montés avec très peu de moyens, mais beaucoup d’imagination et de savoir-faire maison. Après une collaboration fructueuse avec l’artiste français Carpenter Brut, spécialiste du darksynth, sur le clip Turbo Killer (qu’on ne saurait trop vous conseiller de regarder sur YouTube), Ickerman décide de prolonger cet univers fantasmagorique. Deux campagnes Kickstarter plus tard, Blood Machines vient nous casser la rétine.

On y suit la traque d’un vaisseau spatial par un engin de guerre récupérateur, dirigé par le Capitaine Vascan (Anders Heinrichsen) et son second, Lago (Christian Erickson). Lorsqu’un spectre féminin s’extirpe de la carcasse échouée avant de s’envoler dans l’espace, nos deux compères, accompagnés par la mystérieuse prêtresse Corey (Elisa Lasowski), vont partir à sa poursuite afin de comprendre ce phénomène mystique.

Le sang neuf de Blood Machines

Bien qu’il fasse appel à l’imaginaire, la science-fiction est un genre qui peine à se renouveler tant on a très souvent l’impression de voir dans chaque nouvelle production les nombreux emprunts à Blade Runner, Star Wars, 2001 et autres mastodontes de la catégorie. Et c’est ce qui frappe immédiatement avec Blood Machines : sa différence. Les inspirations, presque inévitables, restent visibles, mais elles sont toujours employées pour amener quelque chose de nouveau, de montrer, de raconter.

Pour un budget infiniment moindre que les grosses productions, on peut dire que les effets maison et les couches numériques n’ont rien à envier à ces dernières. Quand on pense que ça a été tourné principalement dans un studio en Picardie avec une grande partie de matériaux de récupération, chapeau les artistes ! « Faisons ça à l’ancienne » déclare Vascan au début du film. C’est bien le mot !

Le film dévoile dès les premières minutes son style unique, hommage aux clips néon des années 80 avec de grosses touches de cyberpunk. Le moyen-métrage va, ainsi, alterner des moments de narration avec des séquences où la dimension musicale – grosse partition de Carpenter Brut – prendra le dessus pour lui offrir un cadre onirique où nos sens seront mis à l’épreuve. De vrais morceaux de cinéma, entre ambition et expérimentation.

Un petit géant dans la cour des grands

N’ayant pas envie de signer un film où les explications prendraient le pas sur les images, Ickerman préfère laisser parler ses silences et la poésie de ses plans, de ces corps féminins se libérant de leur condition de machines. Blood Machines nous offrent les pistes et nous amène vers une lecture exégèse de l’ensemble où de nombreuses parties demeurent obscures. Oui, il raconte bien quelque chose, et si parfois cela peut sembler maladroit, on doit bien en reconnaître l’impact. De quoi lui pardonner ses errances parfois trop nébuleuses ou des jeux d’acteurs pas toujours convaincants.

Il faut féliciter Blood Machines. Pour son parti-pris osé, ses idées marquées, son envie, son ambition et ce résultat final qui démontre clairement que le cinéma n’est pas qu’une question de moyen, même en 2020.

Voici la liste des salles où il est projeté : https://www.cgrevents.com/programmation/blood-machines

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Notre avis

Blood Machines est une carte de visite. Une façon de dire « regardez ce qu'on peut faire avec peu de budget, imaginez si on n'avait pas eu cette contrainte ». C'est un film de science-fiction original, une déclaration d'amour au cinéma et une preuve qu'en France aussi, on a des George Lucas qui ne demandent qu'à accoucher d'un nouveau Star Wars si on en leur donnait l'occasion.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 9 / 10
11 commentaires
  1. “Ce moyen-métrage (50 minutes) a débarqué dans nos salles en circuit fermé”

    S’il y a moyen de le voir d’un autre moyen, achat sur une plateforme quelconque par exemple, je suis preneur.

  2. Oui, il est dispo sur une plateforme mais je ne sais plus laquelle et je pense que pour l’instant c’est réservé aux bakers. Ca ne devrait pas tarder à être dispo pour tout le monde.

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