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Critique Drive to Survive saison 4 : quand Netflix dérape

La série Drive to Surive, ou Pilote de leur Destin en français retrace la saison 2021 de Formule 1 en 10 épisodes, disponible depuis ce vendredi sur Netflix.

La saison 2021 de la Formule 1 a été l’une des plus suivies de l’histoire. Les audiences télévisées n’ont jamais été aussi hautes, et une grande communauté de fans est née autour de la rivalité entre Lewis Hamilton dans sa Mercedes numéro 44, et le jeune néerlandais Max Verstappen avec sa Red Bull numéro 33.

Si cet engouement est lié à la configuration et au dénouement unique de cette saison 2021, Netflix n’est pas étranger au regain d’intérêt de la Formule 1, notamment aux États-Unis. Signe de la réussite de la série Drive to Survive, cette dernière a été prolongée pour au moins une saison. Alors en ce vendredi 11 mars, nombreux étaient les amoureux de sport automobile qui se sont retrouvés devant leur écran de télévision pour profiter de la quatrième saison de la série documentaire Netflix.

Avec une saison historique comme le fût celle de 2021, Netflix était attendu au tournant, et la série déjà critiquée par le passé pour son manque de réalisme ne devait pas décevoir. Avant même la diffusion des dix épisodes, le retrait de Max Verstappen n’annonçait rien de bon. Pour rappel, le jeune pilote a retiré sa participation de la série lui qui trouvait qu’elle amenait des controverses infondées et inutiles. Une décision de l’athlète néerlandais qu’il a confirmé cette semaine en conférence de presse, alors que la série a déjà signé pour une cinquième saison.

2021 : une année trop riche pour Netflix ?

Quand on regarde les multiples éléments qui ont fait cette année 2021, on éprouve de la compassion pour les monteurs de Netflix qui vont avoir des choix à faire. Mais nombreux sont également les fans de sport auto qui redoutent que le N rouge n’en fasse trop dans une saison qui a déjà son lot de tension et de spectacle. Sans être catastrophique, le résultat est malheureusement très (trop ?) hollywoodien pour une série documentaire.

Dès le premier épisode, c’est la douche froide. Les différentes équipes sont rapidement présentées à l’exception d’Aston Martin, qui n’a droit qu’à quelques secondes, et d’Alfa Romeo dont on n’entendra pas parler de la saison. L’équipe de fin de grille ne sera jamais mentionnée au cours des dix épisodes. Un choix éditorial étonnant quand on sait que Netflix a toujours essayé de montrer l’envers du décor dans toutes les écuries, malgré les actualités de chacune.

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© katherinelake / Pixabay

Des choix qui font débat

Finalement le premier épisode se concentre sur la course à Bahreïn, premier rendez-vous de la saison. Déjà avec les quelques jours d’essais, Netflix arrive à créer un potentiel suspens et une rivalité entre Red Bull et Mercedes. Une vision des choses difficilement défendable auprès d’un public de connaisseur, qui sait l’importance relative de ces journées tests.

À mesure que les épisodes s’enchaînent, la série prend des tournures de show à l’américaine, et elle s’éloigne de plus en plus des réalités en piste. On regrettera également un problème (chronique pour cette série) de continuité entre les épisodes. Netflix passe d’un grand prix à l’autre et fait parfois des sauts de 3 à 4 mois avant de revenir en arrière. En ce sens il est assez dur de comprendre quels sont les enjeux de la compétition vu que les grands prix nous sont montrés plusieurs fois, à chaque fois sous des angles différents.

Plus maladroits encore de la part de Netflix, la série ne revient que très rapidement sur les courses de Bakou (en Azerbaïdjan) et celle au Castellet lors du grand prix de France. Deux épreuves qui ont eu un impact pourtant important sur la saison. On entend d’ailleurs une discussion entre Lewis Hamilton et Toto Wolff à propos de la course de Bakou, sans comprendre ce qu’il s’y passe vraiment.

De la même manière, Netflix ne traite pas du tout la victoire de Max Verstappen chez lui aux Pays-Bas. L’absence du pilote néerlandais dans la zone d’interview se fait ressentir, mais on a rapidement l’impression que c’est tout le clan Red Bull qui est mis sous silence par la production. Seul Christian Horner, le directeur de l’écurie, semble épargné.

Une exagération pas nécessaire

Plus problématique encore pour Netflix, la série exagère grandement la réalité, ce qui a pour conséquence de rendre les « vraies » batailles moins intenses qu’elles ne l’ont été dans la réalité. L’accident de Charles Leclerc à Monaco passe ainsi au second plan alors qu’il a été un vrai tournant dans la saison de Ferrari. De la même façon, la victoire du français Esteban Ocon en Hongrie est traitée assez bizarrement. Un faux suspens s’installe sur ce qui doit être la fin de course alors que dans les faits la victoire du français était acquise quelques tours avant le drapeau à damier. Le magnifique travail en course d’Alonso n’est d’ailleurs mentionné à aucun moment sur cet épisode.

Cette victoire est mise au même niveau qu’une bataille entre Esteban Ocon (toujours lui) et Yuki Tsunoda, jeune pilote rookie de l’écurie Alpha Tauri lors du Grand Prix de France pour la 12e et 13e position. En exagérant des choses qui ne doivent pas l’être, Netflix rend les rares moments extraordinaires assez anodins, ce qui aura le don de faire bondir les amoureux de Formule 1.

La vision de Netflix nous a semblé sérieusement pencher du côté de Mercedes (dans la lutte qui l’oppose à Red Bull). Sur ce point, c’est vraiment dommage de ne pas avoir la vision de Max Verstappen qui aurait, sans nul doute, apporté un vrai plus. Les quelques interventions de Michael Massi le directeur de course sont les bienvenues, mais elles arrivent trop tard, surtout quand on sait le rôle qu’il a eu à jouer toute la saison. On regrettera également le manque d’explication grandissant de saison en saison. La série semble vouloir se rapprocher de plus en plus des fans connaisseurs, mais elle commet toujours deux ou trois erreurs fatales sur ce point.

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© randomwinner / Pixabay

Drive to Survive : à qui s’adresse la série ?

Mais finalement, le problème doit peut-être se voir dans l’autre sens. En effet, si les fans de Formule 1 se plaignent depuis la première saison de la réalisation ultra théâtrale de Netflix, la plateforme de streaming ne doit pas être vue comme la grande méchante de l’histoire. En effet, Netflix n’a jamais voulu faire des récapitulatifs de la saison avec d’anciens pilotes, qui viendraient analyser dans le détail les moments de bascule (chose que fait très bien Canal+).

L’idée avec la série Drive to Survive est de faire découvrir la Formule 1 à des personnes qui n’y connaissent rien. Netflix est avant tout une plateforme de divertissement et les équipes derrière la série vont parfois prendre de grandes largesses par rapport à la réalité, à des fins narratives. De la même manière qu’un réalisateur va faire quelques écarts dans la réalisation d’un biopic par exemple.

Alors que la série se termine en apothéose, les deux derniers épisodes sont vraiment bons et bien rythmés, la question est de savoir qu’attendons-nous de Drive to Survive ?

Si les choix de la saga peuvent être contestés, notamment pour son manque criant de réalisme, c’est finalement notre approche de cette dernière qui doit évoluer. Netflix ne changera pas sa recette, surtout au vu de l’audience que ramène Drive to Survive tous les ans. C’est donc au public, passionné de Formule 1 ou non de s’adapter à cette offre.

Il ne faut pas prendre Drive to Survive pour un résumé de la saison, car ce n’en est pas un. La série doit être vue comme une fiction, faite pour divertir et faire découvrir un univers complètement étranger au spectateur. À ce titre, les amoureux de Formule 1 n’y trouveront sans doute pas leur compte.

Les insides : le vrai point fort de la série

Seul lot de consolation apporté par la série, les quelques images en inside exclusives, comme la signature de Geroge Russel chez Mercedes, les appréhensions de Lewis Hamilton vis-à-vis de la pandémie ou encore les moments de politique et de business pure dans l’équipe Haas. D’un autre côté on peut regretter la surmédiatisation de Yuki Tsunoda, l’absence d’hommage pour Kimi Raikonnen ou le traitement du Grand Prix de Belgique, qui aura été si particulier.

En somme, la série peut être une parfaite mise en bouche pour faire découvrir la Formule 1 à un public qui ne connaît pas le sport auto. Pour les personnes qui ont suivi la saison et les 22 courses du calendrier, regarder Drive to Survive est plus une corvée qu’un plaisir.

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Notre avis

La série Drive to Survive n'est pas mauvaise en soi. Elle est un très bon moyen de découvrir la Formule 1 mais elle n'est pas non plus un passage obligatoire pour les néophytes qui s'intéressent au sport auto. Avec des largesses et une façon assez simple de raconter les enjeux de cette saison 2021, Netflix n'arrive finalement pas à prendre de la hauteur par rapport aux débats qui traversent le padock.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
4 commentaires
  1. Surtout un peut dommage qu’il ne montre pas dans l’ordre les équipes et les courses!
    Je ne regarde pas la F1 mais quand tu sais quasiment depuis le début qui gagne y plus de suspense et on dirait qu’il y a que deux équipes!

  2. Il faut voir cette série pour ce qu’elle est c’est à dire une série scénarisee mais avec de belles images meme si elle tord un peu la réalité la qualité du show est là. Et pourtant je suis les saison de f1 toute l’année.

  3. Le plus choquant, c’est les commentaires avec une voix off super excitée style “il va changer ses pneus, il devrait aller beaucoup plus vite”???
    De plus, je ne sais pas si les directeurs d’écuries se traitent vraiment mutuellement de “connards” ou “d’abrutis”? Il faut se méfier du doublage son.

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