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Netflix : les professionnels du sous-titrage dénoncent la mauvaise qualité des traductions

Qui ne s’est jamais retrouvé sur Netflix à se demander ce que signifiait un dialogue de série? Alors que la grogne monte sur Twitter et que plus en plus d’abonnés se plaignent de la qualité des sous-titres, Sylvestre Meininger (association des Traducteurs, Adaptateurs de l’Audiovisuel) a analysé le travail sur Roma et dénonce un sous-titrage de piètre qualité.

capture Netflix. Une faute d’accord, passée entre les mailles du filet.

Depuis l’avènement du streaming illégal, le monde du sous-titrage a bien changé. Les professionnels dénoncent cette Ubérisation qui impacte de manière conséquente leur manière de travailler. En effet, la majeure partie des traducteurs est payée au sous-titre, un tarif qui s’adapte à la difficulté de traduction, de sous-titrage. Plus un film est bavard, plus il coûtera cher. Oui, mais voilà Netflix n’est pas prêt à payer des professionnels pour ses sous-titres et a trouvé la solution idéale. Forte d’une communauté de 3,5 millions d’abonnés en France, la plateforme de VOD a décidé de les mettre à contribution.

En avril 2017, Netflix lançait un appel à candidatures pour des traducteurs. Dans sa volonté d’améliorer son service, le géant Américain avait décidé d’embaucher “les meilleurs traducteurs du monde”, vous ! Issu du “fan-subbing”, le projet proposait de rémunérer ces abonnés polyglottes en échange de leur traduction. Avec 12 dollars, la minute, les prix défiaient toute concurrence. Mais ce que les apprentis traducteurs ne savaient pas, c’est que pour traduire une minute et demie, il faut une heure. Avec seulement 17 euros de l’heure, Netflix réalisait l’opération de l’année. Bien loin des tarifs pratiqués dans le milieu, la plateforme bouleverse les modes de rémunération. Mais pour quel résultat ?

Une oeuvre dénaturée

Tu as courtisé ma femme ?”  Cette réplique ne vous dit rien ? Pourtant, elle est sans doute la “catchline” la plus célèbre du cinéma. Voici ce que pourrait être la réplique de Robert Deniro dans Raging Bull si elle avait été traduite par les “fan*subbers”. Alors que Roma affole les critiques dans sa course aux Oscars, Netflix semble avoir négligé, à tort, la traduction française. Sylvestre Meininger a analysé le travail réalisé sur le film d’Alfonso Cuarón. Dans son billet, le vice-président de l’Ataa dénonce l’impact qu’une mauvaise traduction peut avoir sur la réception de son œuvre. Des servantes qui s’expriment tantôt en vieux français, tantôt en argot des années 90… bon nombre de problèmes sont dénoncés par le professionnel.

À l’examen de ces sous-titres, le traducteur imagine plusieurs scénarios. Il se peut que les traducteurs ne soient pas des professionnels et que leurs travaux ne soient que vaguement relus. Autre possibilité, les sous-titres seraient générés par des algorithmes de traduction et seraient relus brièvement par des non-experts.

capture Netflix : visiblement traduction littérale de l’anglais. “No response” pour dire qu’un cœur ne bat plus

À l’heure où la plateforme développe son offre et se lance dans la course aux Oscars, il serait peut-être judicieux de professionnaliser son procédé. Pas sûr que les abonnés continuent d’en rire encore longtemps…

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14 commentaires
  1. Un peu d’explications sur pourquoi traduire 1 minute et demi prend 1h de boulot ? C’est par rapport à la synchronisation ?

  2. On critique les sous-titres, mais les traductions françaises sont généralement dégueulasses. Il prennent parfois tellement de liberté pour les dubs que ca change le sens de l’histoire. Tout ca pour avoir une pseudo synchro labiale…

    Vous vous souvenez de Z6PO? Dark Vader? Yan Solo? Mandela effect! Ils n’ont jamais existé.

    Sinon petit pic pour le JDG: les traductions des news et tweets ne sont pas votre plus grande force. Vous êtes sensés être des professionnels et vous avez refait les mêmes erreurs de nombreuses fois, notamment avec le mot “definitely”.

  3. Ca me fait penser à une info soustitre que j’ai vu hier sur Znation.  Un bouton ou il yavait noté “MAN – AUTO” avec en sous titre francais “HOMME – AUTOMATIQUE”… j’ai trouvé ca merveilleux 😀

  4. Ce n’est guère mieux sur Amazon Prime! J’ai vu un film pour lequel je suspecte même une “bot trad”, parce que c’était du mot à mot sans aucun sens, même Google Trad arrive à faire mieux!

  5. Le sous-titrage se fait en plusieurs étapes (repérage pour la synchronisation, transcription des dialogues originaux, traduction, relecture, simulation) et implique énormément de contraintes telles que le nombre de caractères par sous-titre (en général 36 caractères max/ligne) ou la durée d’affichage du sous-titre (1s pour 12 caractères). En sachant qu’on lit plus lentement que ce qu’on écoute un texte, le sous-titreur doit traduire le sens de la phrase ou de l’extrait en restant très synthétique, ce qui complique parfois énormément la tâche. De plus, pour une traduction normale de l’anglais vers le français, on a un taux de foisonnement moyen de 15%. Cela signifie que pour dire la même chose, le texte français sera 15% plus long que le texte anglais. Cet aspect, s’avère être un véritable problème en sous-titrage, le message devant être transcrit sur exactement la même durée.
    En espérant avoir répondu à ta question 🙂

  6. Je sais, je parlais de traductions en général.
    Les doublages sont faits par des professionnels et sont d’une qualité plus que médiocre.
    Avoir une petite faute de frappe ou une traduction pas très fidèle dans un sous-titre sur Netflix me choque moins que des doublages pourris au cinéma.

  7. Un truc a savoir, sur netflix, toutes les traductions se font d’abord de VO-> EN puis de EN->FR.
    Lorsque vous regardez un animé sur Netflix, la traduction est passé de Japon->En puis de EN->FR. Double barrière de langue

  8. Ok pour 6po, mais Dark, c’est surtout parce que le son “TH” n’existe pas en français, alors ça aurai pu être pire, Darss, ou Darf !! Yan, c’était pour éviter le prénom féminin Anne. Seul chiktabba était vraiment débile, mais en soit, ça ne change pas l’histoire. C’était bien pire sur certaines phrase, telle que “va voir yoda, c’est le maitre jedi qui m’a tout appris”, alors qu’en VO “c’est le maitre qui m’a instruit”. Ca provoque une grosse incohérence avec l’enseignement de Qui-Gon …

  9. Ils ne sont pas pertinents, Grease 2 par exemple, ça n’est pas du tout traduit correctement, c’est vulgaires parfois !!!

  10. Un exemple dans Norsemen, saispn 2 episode 4 :
    “But we are going to the Thing so we are going to need a liitle extra”
    devient :
    “On va à la Chose, donc on aura besoin de plus.”

    Le mot Thing (en italiques et avec une majuscule dans le texte anglais) signifie ici le þing, l’assemblée des hommes libres (cf les noms des parlement norvégien (Storting) et islandais (Alþing)).
    Il a été traduit pas Chose alors qu’il fallait seulement “Thing”.
    Ce qui est inexplicable et encore pire c’est que la traduction danoise, qui devrait normalement ếtre très proche de l’original norvégien, ne veut rien dire :
    “Men vi skal prøve min ting” soit
    “Mais nous essaierons mon truc”.
    La personne en charge a cru à une blague à connotation sexuelle ?
    Enfin c’est n’importe quoi.

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