Concurrence : Microsoft estime qu’Apple doit être stoppé maintenant

L’affaire qui oppose Epic Games et Apple est loin d’être terminée. Malgré une « victoire retentissante » selon ses propres termes, la firme de Cupertino n’est pas pleinement satisfaite et a décidé de faire appel. En face, 9 des 10 réclamations du studio américain ont été rejetées et Epic Games a également décidé de faire appel de la décision, non sans avoir obtenu une victoire importante. La justice américaine a en effet estimé que le géant californien ne pourra désormais plus imposer aux éditeurs d’utiliser son propre système de paiement.

Concrètement, chaque partie peut revendiquer une victoire en demi-teinte… et s’estimer lésée. Un nouveau chapitre s’est donc ouvert et Epic Games peut compter sur de nouveaux alliés dans sa bataille. Microsoft, l’Electronic Frontier Foundation et les procureurs généraux de 35 États américains ont récemment adressé leur soutien au créateur de Fortnite auprès de la Cour d’appel des États-Unis. Dans le cadre du procès, la firme de Redmond et ces différents groupes ont rédigé des mémoires en amicus curiae. Ce terme désigne une personnalité ou un organisme qui n’est pas directement lié à l’affaire, mais qui est invité à participer afin de fournir des informations susceptibles d’éclairer le raisonnement du tribunal. L’occasion pour Microsoft de présenter son point de vue, et le géant américain n’est pas tendre avec son rival historique.

Des mots forts pour contester l’hégémonie d’Apple

La firme à l’origine de Windows ou Office s’inquiète de l’hégémonie d’Apple et ne mâche pas ses mots. Dans son mémoire, elle affirme que les problèmes qui pourraient résulter du comportement anticoncurrentiel du géant de Cupertino « vont bien au-delà du jeu ». Microsoft explique vouloir exposer sa propre « perspective unique – et équilibrée – des questions juridiques, économiques, et technologiques que cette affaire implique ». Comme Apple, la société vend à la fois du matériel et des logiciels et assure qu’elle « a intérêt » à soutenir le droit de la concurrence.

Microsoft critique également la décision de première instance en dénonçant « l’extraordinaire pouvoir de contrôle » d’Apple. La firme conteste la place de l’App Store et l’interconnexion « significative » des appareils iOS. « Peu d’entreprises, peut-être aucune depuis AT&T… à l’apogée de son monopole téléphonique, ont exercé un tel contrôle sur une si vaste gamme d’activités économiques », ajoute-t-elle.

Apple et Google, un duopole qui inquiète Microsoft

Des mots forts de la part du représentant des PC qui s’inquiète aussi du fonctionnement fermé de l’App Store et de la marque à la pomme. Il explique : « Au-delà de la distribution d’applications et des solutions de paiement in-app – les marchés adjacents [sont] directement en cause dans cette affaire […] Apple propose des paiements mobiles, de la musique, des films et de la télévision, de la publicité, des jeux, le suivi de la santé, la navigation Web, la messagerie, le chat vidéo, des actualités, le stockage dans le cloud, des livres électroniques, des appareils intelligents pour la maison, des wearables, et plus encore ».

Microsoft utilise des mots forts pour dénoncer les pratiques de son frère ennemi. La firme semble également s’inquiéter de voir le duopole d’Apple et de Google sur le marché du smartphone se renforcer en donnant raison à Cupertino. « Google, le seul autre fournisseur de système d’exploitation mobile, pourrait être habilité à faire de même [avoir le champ libre pour tirer parti de son contrôle d’Android et limiter la concurrence]. Les enjeux sont élevés pour Microsoft et d’autres entreprises qui dépendent des lois antitrust pour protéger la concurrence », explique-t-elle.

Monopole et abus de position dominante, Microsoft maîtrise le sujet

Dans l’histoire de l’informatique, la firme de Bill Gates a régulièrement été accusée d’abuser de sa position dominante. Microsoft a notamment profité du succès de Windows pour imposer son navigateur Internet Explorer, avant d’évoluer dans l’ombre d’Apple et Google. Absent du marché du mobile après l’échec de Windows Phone, le géant de Redmond a failli faire perdre sa place dans l’univers des GAFA. En opération reconquête, le M de Microsoft est aujourd’hui bien présent et l’appétit du géant dans l’univers du jeu vidéo inquiète. Avec l’acquisition d’Activision Blizzard, certains s’inquiètent déjà d’un nouveau monopole. En attendant, Microsoft – qui avait déjà défendu le moteur Unreal Engine en 2020 – espère faire pencher la balance en faveur de son allié de circonstance. Les deux firmes ont trouvé un ennemi et des intérêts communs : Apple.

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