Passer au contenu

Chronologie des médias : Disney sanctionne les cinémas français

Le torchon brûle entre Disney et le CNC. Quelques mois après la révision de la chronologie des médias, Mickey décide de zapper la case ciné.

C’est une première dans l’histoire de la firme aux grandes oreilles. Après des mois de bras de fer avec le CNC au sujet de la chronologie des médias, Disney décide d’appliquer une lourde sentence dans l’Hexagone. Le prochain Disney baptisé Strange World devra en effet se contenter d’une sortie sur la plateforme en France, sans passer par la case cinéma. Une sanction inédite, quelques mois après une crise sanitaire qui avait déjà fragilisé les salles obscures du monde entier.

C’est lors d’un entretien avec Les Échos que la présidente de Disney France s’explique sur cette décision. “C’est la conséquence de la Chronologie des médias telle que pratiquée en France que nous jugeons inéquitable, contraignante et inadaptée aux attentes de nos audiences.”

Pour mémoire, cette réglementation détermine les fenêtres de sorties d’un métrage proposé au cinéma. Jusqu’à sa révision récente, le texte prévoyait que les films sortis en salles ne soient ajoutés sur les plateformes SVOD qu’au bout du 36eme mois. Alors que les acteurs du secteur sont de plus en plus nombreux, le ministère de la Culture avait enclenché une mise à jour pour mieux s’adapter à cet environnement en constante évolution.

Si Netflix avait accueilli favorablement l’accord conclu en janvier dernier, c’est une autre musique du côté de Disney+. Il faut dire que la plateforme doit patienter un peu plus longtemps que sa concurrente, 17 mois contre 15 pour le N rouge. Les offres SVOD passent néanmoins devant la télévision gratuite, qui conserve sa fenêtre de sortie de 22 mois. Elles doivent en revanche retirer les films lorsque ces derniers sont diffusés sur les chaînes en accès gratuit.

Le dispositif, au cœur de l’organisation culturelle française, a pour objectif de protéger les salles de cinéma qui bénéficient encore de la priorité dans le modèle. C’est aussi une occasion pour le CNC de financier la création, en déterminant la place des différents acteurs en fonction de leur contribution à l’exception française. Si Netflix a décidé d’aligner les zéros pour obtenir une position plus favorable, Disney+ et les autres acteurs du secteur avaient refusé de signer l’accord en janvier dernier.

La grogne chez les exploitants

La réaction des exploitants français ne s’est pas fait attendre. C’est un via un communiqué envoyé à l’AFP que la Fédération national des cinémas français condamne la décision du géant de l’industrie cinématographique. “Totalement inacceptable” pour le président Marc-Olivier Sebbag, la politique de Disney ne passe pas. Il invite ainsi l’entreprise à trouver “une résolution rapide de ce problème majeur pour le secteur.”

Comme le rappelle Les Échos, le groupe américain représentait un quart des ventes de billets avant la crise sanitaire. La fin d’année étant une période charnière pour les exploitants français, cette annonce fait donc l’effet d’une douche froide.

D’autres films concernés ?

Pour l’instant, seul Strange World est concerné par cette nouvelle stratégie. La sortie d’Encanto, premier film d’animation Disney proposé au cinéma depuis le début de la pandémie, avait rapporté bien moins que prévu aux studios. La reprise a été plus difficile que prévu, Disney n’a récolté que 255,7 millions de dollars au box-office pour son traditionnel film de fin d’année. À titre de comparaison, La Reine des Neiges 2 avait rapporté 1,45 milliard de dollars en 2019.

Pour l’instant, les autres films de Disney ne sont pas concernés par cette mesure inédite. À la fin de cette année 2022, on devrait retrouver certaines grosses licences sur nos écrans, qui ne sauraient se passer d’une sortie cinéma. Chez Marvel, on imagine mal la firme finalement dévoiler Black Panther 2 sur sa plateforme.

Même son de cloche pour Avatar 2, dont le succès est intimement lié à l’expérience en salle. D’autant plus que les budgets alloués à la production des films live-action sont autrement plus importants, et que les recettes sur Disney+ ne suffiront pas à amortir ces investissements. Reste à voir désormais qui du CNC ou Disney+ flanchera le premier.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

6 commentaires
  1. Cette chronologie des médias à la française est de plus en plus inadaptée au monde actuel et à l’instantanéïté des réseaux. La consommation future des films passera de moins en moins par les salles obscures et même la télévision. Il suffit de regarder comment les jeunes consomment les films. La fameuse chronologie des médias n’est qu’une incitation au piratage.

  2. Cette chronologie, pour difficile qu’elle soit, est adaptée à notre marché français, qui subventionne et protège, au nom de l’exception culturelle. Pas de revenus via ce système, et vous pouvez dire adieu à la production cinéma française, ou du moins à une grande partie.
    Je ne dirais donc pas qu’elle est inadaptée, mais imparfaite. D’autrepart, les grands acteurs tels que Disney enragent devant ce système. C’est un bras de fer, il ne faut pas céder à ce chantage.

  3. Le cinema fr va devoir à un moment ou un autre assumer sa médiocrité, la br*nlette intellectuelle ça va 5min…
    il peut aller mourir avec son collègue: la tv fr, avec c+ en tête (non cher boloré, j’ai pas oublié)

  4. A l’inverse du cinéma Américain qui s’est transformé en une puissante industrie au fil des année, le financement du cinéma français ne dépend pas du succès de ses films mais est financé en grande partie par des subventions. Si les studios français veulent survivre à cette évolution ils faut qu’ils produisent des films efficaces et s’éloignent de cette vision du scénariste auteur tout puissant ( cf le flop de laurelian et valeriane le dernier besson) qu’ils produisent des oeuvres efficaces et diversifié ( sf, film d’aventure, fantastique) en y mettant les moyens humains ( en valorisant davantage le métier de scénariste) et financier, afin que la survie du modèle français cesse de dépendre des studios zméricains

  5. J’ai mon cousin qui bosse dans le monde du cinéma depuis 10 ans. Et le CNC une vraie magouille avec copinage & co.

    Même des clips sont financé par le CNC pour de artistes qui gagnent des millions et font parti de grande maison de disques.

    Certains Youtuber connu aussi reçoivent du CNC pour faire de la merde alors que leur vidéo sont…sponso !

    Temps qu’il n’y aura pas un site en ligne qui met tous les financements du CNC ça continuera.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *