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Pour Elon Musk, le robot Optimus rapportera plus d’argent que ses Tesla

Lors du Tesla Investor Day, Elon Musk a pronostiqué que le robot Optimus rapportera plus d’argent à Tesla que ses voitures… même s’il concède aussi que ça lui fait un peu peur.

Le 2 mars, Tesla a organisé son traditionnel Investor Day, une conférence annuelle où la firme détaille sa feuille de route devant les investisseurs. Une bonne occasion de donner des nouvelles d’Optimus, le fameux robot à tout faire que la firme développe en ce moment. Et apparemment, cet esclave de nouvelle génération est sur la bonne voie. Une bonne nouvelle pour Musk et ses troupes, qui s’attendent à un énorme succès commercial.

Le dirigeant a présenté une courte vidéo où l’on voit évoluer trois de ces androïdes. Le premier élément discret, mais important, c’est que l’un d’entre eux se met à marcher. Rien de bien transcendant. Le robot de Tesla fait pâle figure lorsqu’on le compare à des machines comme l’incroyable Atlas de Boston Dynamics, déjà capable d’enchaîner les sauts périlleux depuis bientôt deux ans (voir notre article).

 

Mais cela n’a rien d’infamant. Il serait injuste de les comparer directement, sachant que Boston Dynamics travaille sur des machines de ce genre depuis plus de 30 ans.

Optimus a bien progressé

Dans l’absolu, il s’agit d’une évolution considérable par rapport au dernier état des lieux un peu ridicule du dernier AI Day, en novembre 2022. « Il faut garder à l’esprit qu’à l’époque de l’AI Day, cette version d’Optimus ne marchait pas du tout », explique Musk. « Donc le rythme d’amélioration est assez significatif. Il ne fait évidemment pas de parkour, mais il se déplace, et nous en avons déjà plusieurs exemplaires », se satisfait-il.

Et dans tous les cas, ce n’est de toute façon pas l’objectif d’Optimus de faire des sauts de cabri. Il a vocation à devenir un cyber-domestique. Il devra pouvoir assumer tout un tas de corvées et de travaux manuels ennuyeux, épuisants ou dangereux pour les humains. Le fait de pouvoir se déplacer est donc très comportant, tout comme la capacité du robot à attraper et à utiliser des objets de forme variée.

le robot Optimus de Tesla manipule une visseuse
© Tesla (capture d’écran YouTube)

Et on constate aussi des progrès importants à ce niveau-là. Dans la vidéo, on voit Optimus manipuler divers outils et composants électroniques. Il se saisit par exemple d’une vis et d’une perceuse avant de fixer le bras d’un autre robot sur son châssis. Certes, il semble encore assez lent et pataud, mais le résultat est là.

Pour amener son robot à maturité, Tesla va beaucoup miser sur le machine learning. Devant ses actionnaires, Musk a tenu à insister sur le fait que l’entreprise disposait déjà d’une expérience conséquente. « Tesla est l’entreprise la plus avancée au monde sur l’IA appliquée au monde réel. Je pense qu’il n’y a personne qui nous arrive à la cheville sur ce terrain », affirme le dirigeant. Une façon d’indiquer aux investisseurs qu’ils peuvent attendre des progrès rapides dans ce domaine.

Un titan industriel qui montre ses muscles

Il a aussi insisté sur l’expertise de Tesla en termes purement industriels. En quelques années à peine, la marque a déjà développé une toute nouvelle chaîne logistique à partir de rien pour construire ses voitures. Et Musk affiche fièrement son ambition de réitérer l’exploit avec Optimus.

« Nous sommes aussi bons dans la conception de choses pour la fabrication à grande échelle […] Tous les actionneurs d’Optimus ont été spécialement conçus par Tesla. Nous avons conçu les moteurs électriques, les boîtes de vitesse, l’alimentation, évidemment les batteries, et tous les autres composants d’Optimus. »

« C’est l’équipe qui a conçu les moteurs électriques révolutionnaires des Tesla qui a aussi conçu les actionneurs du robot. En pratique, ça veut dire que nous devrions pouvoir amener un produit sur le marché à grande échelle bien plus rapidement que n’importe qui d’autre », prédit-il.

la ligne d'assemblage des Tesla
Tesla compte réutiliser l’expérience acquises avec les véhicules électriques pour amener Optimus sur le marché rapidement. © Tesla

C’est donc une philosophie très différente de celle de Boston Dynamics. Ces derniers se concentrent plutôt sur ce qu’on pourrait qualifier de recherche fondamentale. Leur objectif primaire n’est pas d’assembler et de vendre des tas de machines, du moins pas à court terme. Tesla, en revanche, se voit bien livrer des Optimus dans chaque foyer… et surtout dans chaque usine.

« On voit apparaître des tas d’usages possibles pour les robots, certainement dans l’industrie. Je pense que le nombre de robots dépassera celui des humains », suggère-t-il.

La future poule aux œufs d’or ?

Et même s’il admet que les enjeux économiques ne sont « pas encore clairs », il s’agirait forcément d’une très, très bonne nouvelle pour Tesla. Que son pronostic se réalise ou pas, il s’attend en tout cas à ce qu’Optimus pèse très lourd dans les finances de la marque. Selon lui, le robot « vaudra probablement significativement plus que le volet automobile sur le long terme », indique-t-il.

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Elon Musk s’attend à ce qu’Optimus rapporte plus d’argent que l’automobile à Tesla. © Martin Katler – Unsplash

Évidemment, il faut prendre certains aspects de ce discours avec des pincettes, puisqu’il s’agissait avant tout de brosser les investisseurs dans le sens du poil. Mais les arguments de Musk restent tout à fait audibles. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que les premiers robots domestiques matures arrivent sur le marché.

Il sera très intéressant de voir à quelle vitesse cette révolution annoncée va montrer le bout de son nez. Car d’un côté, les progrès de Tesla pourraient inciter la concurrence à prendre le train en marche. D’autres entreprises voudront certainement récupérer une part de cet énorme gâteau.

Un grand virage à aborder prudemment

Mais d’un autre, Musk ne semble pas vouloir avancer trop vite. Et c’est assez rare pour être souligné, connaissant son penchant pour l’innovation débridée (voir notre article sur Neuralink). L’IA, c’est peut-être le seul domaine où Musk respecte le principe de précaution, et c’est probablement une très bonne nouvelle.

« Je suis un peu inquiet à propos de l’IA, je pense que c’est quelque chose qui devrait nous préoccuper », a-t-il concédé avant de réclamer une nouvelle fois la mise en place d’un régulateur dédié. « Je pense qu’il nous faut une autorité de régulation qui supervise le développement de l’IA, pour s’assurer que l’on opère dans l’intérêt du public. C’est une technologie assez dangereuse. J’ai peur d’avoir fait des choses pour l’accélérer… Je pense que Tesla a fait plein de bonnes choses sur l’IA, mais celle-là me stresse, donc je ne sais pas trop quoi en dire ».

Une confession surprenante de la part de quelqu’un qui vient de passer plusieurs minutes à vanter la production industrielle d’androïdes dopés à l’IA devant ses investisseurs… mais passons. Ce qu’il faut retenir de cette annonce, c’est que l’ère des cyber-esclaves se rapproche à grands pas, qu’on le veuille ou non. Et Tesla entend bien jouer les premiers rôles. Reste à savoir quand cette révolution va démarrer. Nous vous donnons donc rendez-vous à la prochaine annonce pour avoir, peut-être, une idée plus claire de la chronologie.

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