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X.AI : Elon Musk créé sa propre entreprise d’intelligence artificielle

Le PDG de SpaceX et Tesla entretient des rapports ambigus avec le machine learning, mais cela n’empêchera pas X.AI Corp de surfer sur la vague.

D’après plusieurs grands journaux américains, comme le Wall Street Journal et le Financial Times, Elon Musk aurait récemment officialisé la création d’une toute nouvelle entreprise baptisée X. AI Corp. Comme son nom l’indique, son cœur d’activité sera l’intelligence artificielle. Une initiative tout sauf anecdotique de la part d’un visionnaire qui entretient une relation compliquée avec l’intelligence artificielle.

D’un côté, le milliardaire a toujours été convaincu de l’intérêt immense de cette technologie. Il faisait partie de la première vague d’investisseurs qui ont permis à l’incontournable OpenAI de monter en puissance, et a régulièrement affirmé que le machine learning pouvait véritablement transformer l’humanité — pour le meilleur comme pour le pire.

Musk et l’IA : je t’aime, moi non plus

Et ces derniers temps, c’est plutôt ce dernier volet qui semble le préoccuper. Le ton a radicalement changé, surtout depuis qu’il a claqué la porte d’OpenAI sur fond de conflits d’intérêt et de lutte intestine pour le poste de PDG. Cela fait quelques années déjà que Musk multiplie les mises en garde et réclame la mise en place d’un régulateur global. Il fait aussi partie des 1300 personnalités qui ont signé un moratoire demandant une « pause » dans la recherche fondamentale en intelligence artificielle (voir notre article).

Et la perspective d’une IA-pocalypse n’est pas le seul élément qui dérange Musk dans le contexte actuel. Tout récemment, il s’est aussi montré très critique vis-à-vis de l’aspect purement commercial. Il s’est notamment attaqué frontalement à Microsoft, aujourd’hui principal investisseur d’OpenAI. Il estime que les titans du numérique sont en train de poser une chape de plomb sur cette technologie d’intérêt public.

Différents observateurs ont proposé plusieurs lectures de cette situation. Les partisans de Musk ont considéré qu’il s’agissait d’une réaction censée et pragmatique à une situation qui pourrait effectivement échapper à tout contrôle. Mais d’autres y ont aussi vu une réaction épidermique d’un magnat de la tech frustré d’avoir raté l’occasion de mener la charge dans cette niche technologique si prometteuse… et rémunératrice.

Dans ce second groupe, certains ont donc suggéré que Musk cherchait avant tout à freiner des quatre fers pour se laisser le temps de rattraper le train en marche. Que ce soit vrai ou non, les adeptes de cette théorie estimeront probablement que la création de cette nouvelle entreprise leur donne raison.

Un coup de pied dans la fourmilière…

Reste que pour le moment, il est impossible de déterminer objectivement son objectif. Pour l’instant, ni le milliardaire ni la firme n’ont communiqué officiellement à ce sujet. La seule trace de l’existence d’X. AI, c’est le dossier qui a été déposé chez un secrétaire d’État local, puis récupéré par le WSJ et le Financial Times.

La mission de l’entreprise donc mystérieuse. Va-t-elle s’atteler à la création d’un Large Language Model (ou LLM) pour concurrencer le désormais célèbre GPT d’OpenAI ? C’est une possibilité. Car malgré ses craintes sur l’IA, est aussi un grand défenseur de la liberté d’expression sous sa forme la plus pure et absolue — un point qu’il a soulevé à de nombreuses reprises pendant le processus de rachat de Twitter. Et il estime que l’écosystème IA actuel a pris la mauvaise direction à ce niveau.

Forbes rappelle qu’il s’est récemment pris le bec avec Sam Altman, PDG d’OpenAI, au sujet des restrictions imposées à son algorithme. En effet, les réponses du chatbot ChatGPT peuvent être censurées lorsque l’utilisateur touche à des points sensibles, notamment la question de l’identité de genre. Une limite qui ulcère Elon Musk, qui n’a jamais caché son opposition ferme à ce qu’il appelle le « mouvement woke ». « Le fait d’entraîner une IA à être woke — en d’autres termes, à mentir — est un danger mortel », a-t-il tancé dans des propos cités par Forbes.

…ou un organe de développement au service de propres entreprises ?

Mais dans tous les cas, la création d’un chatbot ne sera probablement pas le cœur de son activité. Le scénario qui semble le plus probable à l’heure actuelle, c’est qu’ X. AI serve de plaque tournante pour toutes les entreprises de Musk. Elle pourrait par exemple prendre la main sur le développement des algorithmes de conduite autonome qui équipent déjà les voitures Tesla. Elle pourrait aussi se charger de la partie logicielle d’Optimus, le robot-esclave que le milliardaire veut commercialiser d’ici quelques années.

Elle pourrait aussi jouer un rôle déterminant dans les opérations de Twitter, le réseau social que Musk a racheté pour plus de 40 milliards de dollars.

En effet, l’oiseau bleu a tout récemment fait l’acquisition d’une très grande quantité de GPU. Il s’agit généralement d’un signe qu’une entreprise se prépare à entraîner de gros modèles IA. On peut donc raisonnablement imaginer que Twitter va beaucoup miser sur cette technologie à l’avenir (voir notre article).

Et X. AI pourrait être au cœur de ce changement de cap. Cette interprétation est renforcée par le fait que Musk a récemment changé le nom de Twitter Inc., la structure qui chapeaute le réseau en lui-même ; elle est désormais baptisée… X Corp.

Il ne reste donc plus qu’à patienter en attendant qu’Elon Musk nous en dise plus à ce sujet, et les nouvelles pourraient tomber assez rapidement. Selon le Times, il serait déjà en train de courtiser les investisseurs de Tesla et de SpaceX pour qu’ils viennent biberonner son nouveau bébé.

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