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IA : le moteur de recherche Ecosia lance un chatbot basé sur ChatGPT

Le moteur de recherche à but non lucratif, qui utilise ses revenus publicitaires pour contribuer aux efforts de reforestation, veut se servir de l’IA générative comme tremplin pour faire valoir sa philosophie responsable.

Ecosia, le fameux moteur de recherche à but non lucratif qui utilise ses revenus publicitaires pour planter des arbres, s’embarque dans une aventure quelque peu surprenante : elle est en train de lancer le tout premier chatbot IA “vert”.

Ce chatbot est directement basé sur l’API d’OpenAI, l’entreprise à l’origine de ChatGPT. La principale différence avec l’original, c’est une option qui permet d’altérer les réponses du chatbot de façon à ce qu’elles soient plus responsables écologiquement parlant. Par exemple, si on l’interroge sur un itinéraire, le chatbot proposera plus volontiers des itinéraires en train qu’en avion.

Avec cette nouveauté, Ecosia devient le premier moteur indépendant à proposer son propre chatbot dopé au machine learning. L’entreprise berlinoise fait figure d’exception dans cette niche dominée par des titans des nouvelles technologies, comme Google, Microsoft et Amazon.

L’IA générative a un fort impact écologique

Mais cette approche est-elle vraiment compatible avec la philosophie d’Ecosia ? La question mérite d’être posée, dans un contexte où nous n’en sommes plus à une aberration écologique près; il n’y a qu’à regarder du côté de la COP28 à Dubaï pour s’en convaincre.

Ce qui est certain, c’est que l’entraînement des systèmes d’IA générative demande énormément de puissance de calcul. C’est particulièrement vrai pour les modèles les plus avancés comme GPT qui font intervenir des centaines de milliards de paramètres. Mécaniquement, cela implique une grosse consommation d’énergie.

Par exemple, des chercheurs cités par Euronews ont estimé que l’entraînement de GPT-3 avait consommé 1287 mégawattheures d’électricité et généré environ 552 tonnes de dioxyde de carbone. Et l’addition est sans doute encore plus salée pour la dernière version du modèle, où le nombre de paramètres a augmenté d’un facteur 1000.

En outre, il n’y a pas que la phase d’entraînement qui rentre dans l’équation. Il faut aussi tenir compte de la gestion quotidienne de ces services une fois qu’ils sont opérationnels. Et à ce niveau, le bilan écologique est encore plus difficile à jauger — mais les premières études sur le sujet sont assez alarmantes.

Récemment, un doctorant de l’Université d’Amsterdam a notamment publié un papier de recherche très éloquent sur ce sujet. Il suggère que l’industrie du machine learning pourrait consommer autant d’énergie qu’un pays comme la Suède d’ici 2027. En outre, il estime que si Google convertissait l’intégralité de ses services de recherche à l’IA, le moteur pourrait utiliser une trentaine de térawattheures par an — l’équivalent de la consommation électrique de l’Irlande.

Réconcilier l’IA et l’environnement

Certes, il convient de prendre les chiffres exacts avec des pincettes. Mais ce papier illustre bien le fait qu’une conversion a l’IA a tendance à faire exploser la consommation d’énergie. En ce qui concerne Ecosia, il est assez difficile d’estimer l’impact de ce nouveau chatbot dans la mesure où OpenAI n’est pas particulièrement transparente sur le bilan écologique de sa technologie. L’entreprise, de son côté, estime qu’il va augmenter ses émissions de CO2 d’environ 5 %.

Serait-ce donc un vaste non-sens ? Pas si vite; le jeu en vaut peut-être la chandelle.

A ce jour, la principale limite d’Ecosia reste la portée de son moteur de recherche dont les performances sont malheureusement très loin de celles de l’écurie Google. Christian Kroll, PDG et fondateur de l’entreprise berlinoise interrogé par TheNextWeb, estime qu’il est très important que les petits poucets comme Ecosia restent au contact des nouvelles technologies s’ils veulent survivre. Autrement, ils seront dévorés encore plus rapidement par les gros poissons qui se partagent déjà la quasi-totalité du bassin.

L’IA générative, en particulier, pourrait être un formidable tremplin. Kroll y voit plus qu’une simple manière de continuer à vivoter en marge des GAFAM ; la montée en puissance de l’IA générative pourrait représenter une opportunité sans précédent de réduire l’écart avec ces entités archidominantes. « Je pense que pour nous aussi, il y a du potentiel pour innover — et peut-être même pour devancer certains acteurs déjà bien établis », a-t-il suggéré à TNW.

Or, si ce chatbot permettait à Ecosia de gagner des parts de marché, cela augmenterait mécaniquement la portée et l’impact de sa démarche responsable. Le cas échéant, on peut imaginer que le bilan global pourrait être positif.

Il sera donc intéressant de suivre l’évolution du chatbot d’Ecosia. Et même au-delà des enjeux écologiques, il pourrait s’agir d’une étude de cas intéressante pour tous les petits poucets qui cherchent à mettre en avant des philosophies et des méthodologies différentes, mais qui ont du mal à cohabiter avec les géants du secteur. Qui sait ; peut-être que l’IA générative va devenir la fronde dont les David de la tech ont besoin pour terrasser leurs Goliaths !

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Source : TheNextWeb

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