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Game Awards 2023 : pourquoi la compétition est déjà pliée d’avance

Les Game Awards approchent, et il serait scandaleux que Baldur’s Gate 3 ne soit pas élu Jeu de l’année; voilà pourquoi.

La cérémonie des Game Awards, souvent qualifiée d’ “Oscars du jeu vidéo”, approche à grands pas. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, les membres du jury devront sélectionner leurs chouchous parmi un ensemble de plusieurs excellents titres dans différentes catégories. Ils auront notamment la lourde responsabilité de déterminer qui va succéder à Elden Ring sur le trône du Jeu de l’Année. Mais ne vous y trompez pas, pour cette édition 2023, la compétition est déjà pliée depuis plusieurs mois; voici pourquoi Baldur’s Gate 3 doit – et va – être auréolé du titre de GOTY 2023.

Parce que c’est le jeu le plus abouti de l’année

Presque tous ceux qui ont goûté à ce fabuleux jeu de rôle sont unanimes : cela fait belle lurette qu’un studio ne nous avait pas proposé un monde virtuel aussi dense, organique et vibrant que celui de Baldur’s Gate 3. Le souci du détail de Larian est absolument omniprésent dans chaque recoin de Faerûn, que ce soit dans la direction artistique très réussie, les 175 heures de doublage (!) maîtrisées à la perfection, ou le gameplay stratégique, complexe et engageant. Et comment ne pas mentionner l’écriture aussi prolifique que raffinée, qui virevolte brillamment entre les drames épiques et l’humour décapant !

Ce sentiment est encore renforcé par la différence phénoménale qui existe entre Baldur’s Gate 3 et de nombreux autres titres AAA. Là où certains se contentent d’empiler maladroitement des éléments à l’emporte-pièce dans un vaste fourre-tout vidéoludique bancal avant de combler les trous de façon très artificielle, Larian nous a gratifiés d’une œuvre originale, mature, et exceptionnellement aboutie pour un titre aussi ambitieux.

Il y avait d’ailleurs de quoi appréhender un peu, comme toujours avant la sortie d’un titre aux proportions aussi pharaoniques. Mais tous ces doutes sont partis en fumée plus vite que la moustache d’un gnome après une rencontre fortuite avec un élémentaire de lave. Chaque séquence dégage une impression d’harmonie, d’équilibre, de cohérence quasiment parfaite; tous les éléments du jeu chantent à l’unisson dans un formidable hymne au jeu de rôle qui n’a laissé personne indifférent.

C’est bien simple : dans Baldur’s Gate 3, les éléments décevants se comptent sur les doigts d’une seule main – et encore. Ce cas est extrêmement rare à une époque où des tas de jeux pourtant beaucoup moins ambitieux arrivent tout juste à sortir dans un état tolérable.

Parce que c’est une lettre d’amour aux fans

Ces exemples catastrophiques sont malheureusement devenus tristement courants (quelqu’un a dit Gollum ?). Il est donc d’autant plus remarquable que Larian ait mis autant de cœur et d’entrain à ne pas reproduire cette erreur. C’est une marque de respect envers le public – un mot que de trop d’éditeurs semblent avoir complètement évincé de leur vocabulaire à grands coups de sorties ratées et de magouilles de monétisation.

Baldur’s Gate 3 suinte l’amour par tous les pores, et ce depuis le début du développement en 2016. C’est toujours un sentiment immensément gratifiant de savoir que certains développeurs AAA travaillent encore avec une méthodologie saine, et avec un profond respect pour ce médium si cher au cœur de millions de personnes. Cela génère une confiance mutuelle quasiment inébranlable; c’est sans doute pour cette raison que Larian a pu aller au bout de ce cycle de développement interminable sans faire de concessions. Le studio traite son bébé comme une œuvre d’art à part entière et pas seulement comme un produit, et ses fans comme des camarades de jeu et pas seulement comme des clients.

Pour résumer, l’équipe de Larian est passionnée par son œuvre, profondément amoureuse de son public. Cette passion brute, il est très difficile de ne pas la ressentir en tant que joueur – et nous ne parlons pas seulement de ce qui se passe dans les maisons closes de la capitale de Faerûn. Il est tout à fait normal que les joueurs lui rendent cette considération au centuple.

Parce que Larian a remis tout l’écosystème AAA face à ses responsabilités

Il reste encore une dernière raison qui, selon nous, justifie un triomphe de Baldur’s Gate 3 aux Game Awards. Pour la saisir, il faut effectuer un petit retour en arrière.

Quand le jeu est enfin sorti, il a été plébiscité de toute part par les joueurs, qui en ont tacitement fait une sorte de référence pour les futurs RPG. Mais tout le monde n’était pas de cet avis. Sur X, Xalavier Nelson, chef du studio indépendant Strange Scaffold, a publié un thread qui s’est répandu comme une traînée de poudre. Il y expliquait qu’il serait très déraisonnable de se servir de BG3 comme d’un nouveau standard, et qu’il ne fallait pas s’attendre au même niveau de qualité de la part de tous les autres studios.

D’autres représentants de plus gros studios ont ensuite rebondi sur ces propos. Certains ont martelé qu’il s’agissait d’un “délire de niveau Rockstar” en termes d’ambition ou encore qu’il était “stupide” d’attendre la même chose de la concurrence.

Dans la foulée, Nelson s’est fait incendier par de nombreux joueurs. Beaucoup ont interprété ces réactions comme des tentatives des studios de se défausser de leurs responsabilités par rapport aux nombreux feux de poubelles qui ont fleuri récemment. Même IGN a publié une vidéo dans ce sens, titrée “Baldur’s Gate 3 fait paniquer certains développeurs”.

Des réactions regrettables, car bon nombre de ces observateurs ont mal interprété les propos de Nelson. Il n’essayait pas de se dédouaner par avance; il s’agissait simplement de dire que tous les studios ne fonctionnent pas de la même façon et n’ont pas accès aux mêmes ressources.

Certes, Baldur’s Gate 3 est une anomalie de par sa qualité. Il sera évidemment difficile de répliquer cet exploit. Mais il y a au moins une chose positive qui est ressortie de cette volée de bois vert injustifiée. Le jeu a remis en exergue les lacunes criantes, pour ne pas dire le mépris total de certains autres studios. C’est une preuve tangible, incontestable qu’avec la bonne philosophie et assez d’investissement, il est encore tout à fait possible de rencontrer un immense succès avec un jeu fabuleusement divertissant, ambitieux et abouti, le tout sans céder aux sirènes des microtransactions.

Que les autres studios le veuillent ou non, Baldur’s Gate 3 risque de faire office de standard pendant un certain temps – et la concurrence va devoir se montrer à la hauteur, car aucun RPG n’échappera à cette comparaison. Nous l’avons d’ailleurs constaté à la sortie de Starfield, qui a été largement comparé au titre de Larian alors que les deux jeux n’ont pourtant pas grand-chose à voir. Les retours auraient-ils été si mitigés s’il n’était pas sorti un mois après ? Probablement… mais la question reste ouverte. Quoi qu’il en soit, Baldur’s Gate 3 a rappelé à tout le monde à quoi ressemble un véritable chef-d’œuvre vidéoludique. Et le reste de l’industrie aura tout intérêt à s’en souvenir.

Nous vous donnons donc rendez-vous très bientôt pour ce sacre annoncé et plus que mérité. Est-ce extrêmement présomptueux ? Sans doute… mais cela ne nous empêchera pas d’y croire dur comme fer. Et vous ?

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5 commentaires
  1. Belle preuve d’amour cet article. Peu importe qui sortira GOTY. Ce que je sais néanmoins, c’est que Baldur Gates 3 aussi ingénieux soit il en terme de RPG, son écriture soignée ne dépassera jamais le cadre du genre auquel il fait partie. L’héroïque Fantasy.
    Pendant ce temps certains, de par leur oeuvre, transcendent le simple jeu vidéo au niveau de véritable forme d’art. Celle qui au delà de simplement proposer des émotions, pousse à se poser des questions, sur tant de domaines et de thèmes, que toute une communauté établie des théories intelligentes et passionnantes. Une oeuvre qui sort de son cadre et qui remet en question l’artiste et l’oeuvre elle même.

    Pour succéder à Elder Ring, un autre RPG de fantasy sera t’il nominé?
    Ou bien va t’on reconnaître que cette industrie, ce média, a besoin de plus d’oeuvres subtiles et dense à la fois, présentant une dimension narrative qui pousse le joueur à se questionner, au delà même du simple média auquel il fait face.

  2. le simple fait de n’avoir pas fait un jeu autour des micro achat, c’est déjà très bien .
    a chacun sa philosophie du jeu bien sur.
    mais pour moi , évoluer ou progresser par des achats et non pas par le jeu et/ou la découverte équivaut a de la triche et tue le plaisir.

  3. Bonjour, je n’ai pas joué à ce jeu (pas encore serait plus juste), mais vu les retours que j’ai, combinés au fait que Baldur’s Gate 2 était un des jeux qui jouissait d’une magnifique aura quand j’ai eu mon premier PC (pourtant, je ne l’ai pas fait, et ne me souviens plus pourquoi), le 3 me semble excellent ! Voilà pourquoi ça ne m’étonnerait pas du tout qu’il gagne cette récompense.

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