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Mars : la Chine avance pendant que la NASA s’embourbe

Le programme de récupération des échantillons martiens de l’agence spatiale américaine est dans la tourmente, et son grand rival chinois pourrait bien finir par lui damer le pion.

Depuis le début de la décennie, Mars fait l’objet d’un intérêt particulier de la part des grandes puissances de l’aérospatiale. La NASA, par exemple, est très fière de son programme Mars 2020, et à juste titre. Les deux grands acteurs de cette mission, le petit hélicoptère Ingenuity et le rover Perseverance, ont déjà produit des résultats assez exceptionnels.

Si le premier est malheureusement arrivé en bout de course à la fin du mois de janvier, le second continue d’explorer le cratère de Jezero et de collecter des échantillons inestimables qui seront rapatriés d’ici quelques années, avec Mars Sample Return

 

Mars Sample Return dans la tourmente

…ou du moins, c’est l’objectif. Car en pratique, ce programme incroyablement ambitieux est en train d’être rattrapé par la réalité. Plus le temps passe, plus il devient évident que la NASA a eu les yeux plus gros que le ventre.

Depuis quelques mois, plusieurs rapports accablants ont fustigé les dérives du programme, jugé trop cher et irréaliste sur le plan technique. Et ces critiques ont encore gagné en intensité avec la publication du dernier audit de la NASA.  De nombreux experts ne mâchent pas leurs mots par rapport à la planification budgétaire désastreuse du projet. Alors qu’elle devait initialement coûter environ 4 milliards de dollars, les comptables de l’agence estiment désormais que la mission MRS va sans doute dépasser la dizaine de milliards. Et la facture pourrait encore gonfler sur les prochaines années.

Il devient donc urgent de repartir sur des bases saines, car cette affaire commence à peser de tout son poids sur les finances de l’agence. Le problème a pris des proportions telles que le Sénat américain a fini par s’en mêler, allant jusqu’à faire planer la menace d’une annulation complète du programme.

La Chine suit son petit bonhomme de chemin

En plus de l’immense fiasco financier et scientifique qui se profile à l’horizon, il y a aussi un autre élément qui rend la situation d’autant plus gênante pour le contingent américain : la concurrence avec la Chine, le meilleur ennemi revendiqué du pays de Joe Biden. Pendant que les États-Unis se débattent dans le bourbier de leur programme de récupération martienne, leur rival continue d’avancer tranquillement. Une situation difficile à avaler pour l’Oncle Sam.

Tout récemment, les chefs de l’agence spatiale chinoise ont donné des nouvelles de leur propre programme de collecte. La principale différence, c’est que la mission chinoise n’implique pas de chasse au trésor pour récupérer le précieux butin. Contrairement à la NASA, qui va devoir retracer le long parcours de Perseverance, tout sera récupéré directement sur place à proximité du véhicule Tianwen-3. La mission est donc moins ambitieuse que celle des Américains, certes, mais elle est aussi beaucoup plus simple. Cela lui permet de progresser sans encombre et sans explosion du budget.

Évidemment, il reste encore quelques obstacles à surmonter. Selon les responsables chinois, les véhicules qui permettront de collecter les échantillons à la surface de Mars, de les ramener en orbite, puis de les transférer dans l’engin qui doit les rapatrier vers la Terre sont encore loin d’être au point. Mais cela n’a rien d’infamant, surtout que la NASA n’est pas plus avancée. D’après le dernier rapport des superviseurs du programme, la probabilité que l’agence américaine dispose d’un système mature à l’horizon 2028 — la date limite pour profiter de la seule fenêtre de retour compatible avec un retour en 2030 — est « proche de zéro ».

Qui va gagner la course ?

Au fur et à mesure que l’on se rapproche de la fin de la décennie, on peut donc légitimement commencer à se demander si la Chine ne va pas damer le pion à son homologue américain. Si le programme MRS continue de patiner, elle pourrait devenir la première nation à ramener du matériel martien sur Terre. Le cas échéant, il s’agirait d’un succès historique pour la Chine, qui s’impose de plus en plus comme une superpuissance spatiale.

Accessoirement, cela serait aussi une claque cinglante pour la NASA, qui est très attachée à son statut de leader dans ce domaine et ne se réjouit pas franchement des succès chinois. Il conviendra donc de suivre attentivement les rebondissements du MRS et les progrès du contingent chinois avec une attention toute particulière, car ce feuilleton pourrait être symptomatique d’un grand basculement des rapports de force dans cette industrie à l’importance scientifique et stratégique énorme.

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