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Critique Knock At The Cabin : on claque la porte ?đŸšȘ

M.Night Shyamalan est capable du meilleur comme du pire, on a touché du bois pour que Knock At The Cabin soit bon. Critique.

La filmographie de M.Night Shyamalan regorge de surprises, bonnes ou mauvaises. Le rĂ©alisateur du SixiĂšme Sens et Le Village s’est imposĂ© en quelques mĂ©trages comme une rĂ©fĂ©rence du cinĂ©ma de genre. Pourtant, il n’a pas toujours fait honneur Ă  cette rĂ©putation. Il fait preuve d’une certaine irrĂ©gularitĂ© sur le grand Ă©cran, Ă©prouvant parfois quelques difficultĂ©s Ă  construire en dehors de ses concepts accrocheurs. Sa derniĂšre crĂ©ation, adaptĂ©e d’une bande dessinĂ©e pourtant brillante, en est l’exemple parfait. Old n’avait pas Ă©tĂ© la vague cinĂ©matographique annoncĂ©e et laissait de nombreux spectateurs sur le carreau.

Pourtant, Shyamalan est aussi responsable de nombreuses pĂ©pites du 7e art. L’excellent Signes suffit Ă  lui seul pour justifier sa maĂźtrise du thriller fantastique. Avec ce qui ressemble en apparence Ă  une invasion alien comme on en a vu beaucoup sur le grand Ă©cran, le cinĂ©aste faisait Ă©clore un drame familial d’une efficacitĂ© redoutable, avec une sensibilitĂ© folle. L’adaptation d’un ouvrage dans la veine de ceux de Stephen King, qualifiĂ© par beaucoup comme la plume la plus prometteuse de l’horreur sur papier, avait ainsi de quoi nous rĂ©galer.

TirĂ©e d’un roman de Paul Tremblay, l’histoire suit une petite famille qui part s’isoler dans une petite cabine aux milieux de la forĂȘt. Alors qu’ils profitent du calme des lieux, il se retrouvent nez Ă  nez avec quatre Ă©tranges personnages. Retenus captifs, Wen et ses deux pĂšres vont devoir volontairement sacrifier l’un des leurs pour sauver l’humanitĂ© d’une apocalypse imminente.

Knock At The Cabin
CrĂ©dits : Universal Pictures

Un film complĂštement toquĂ© ?

Les propositions cinĂ©matographiques de M.Night Shyamalan reposent essentiellement sur une idĂ©e simple mais dĂ©finitivement accrocheuse. L’enfermement avec The Village, la mort avec SixiĂšme Sens ou encore un envahisseur extraterrestre avec Signes, les concepts qui nourrissent ses rĂ©cits sont en apparence assez Ă©culĂ©s. Pourtant, avec ces postulats de dĂ©part, Shyamalan rĂ©invente le thriller fantastique Ă  de nombreuses reprises. Knock At the Cabin dĂ©bute sur de mĂȘmes bases. La nouvelle crĂ©ation du rĂ©alisateur entend nous interroger sur le bien-fondĂ© de sacrifier une Ăąme pour en sauver des milliards. Un questionnement mĂ©taphysique qu’il va explorer pendant un peu moins de deux heures.

AprĂšs une introduction d’une efficacitĂ© redoutable, qui prouve qu’encore une fois les propositions cinĂ©matographiques de Shyamalan sont avant tout une histoire d’ambiance, le rĂ©alisateur use du hors champ et des gros plans pour faire monter la tension chez les spectateurs. Il fait dĂ©monstration d’un vĂ©ritable sens du rythme et du montage, on n’en doutait pas vraiment venant de sa part.

Le film est peuplĂ© de belles idĂ©es de mise en scĂšne, des mouvements dĂ©saxĂ©s qu’il nous avait dĂ©jĂ  proposĂ©s par le passĂ© ou encore des jeux d’échelle pour placer le public tantĂŽt en spectateur tantĂŽt en acteur. La prĂ©misse de ce thriller taille dans le vif, avant que la suite renverse la vapeur pour explorer le volet plus fantastique du rĂ©cit. Mais ce surnaturel plane au-dessus des personnages, sans jamais ĂȘtre montrĂ©. Un peut-ĂȘtre qui se mĂ©tamorphose petit Ă  petit dans l’esprit des personnages, mais aussi dans celui de l’auditoire.

nouveau film M.Night Shyamalan
CrĂ©dits : Universal Pictures

De son aurore Ă  son crĂ©puscule, l’histoire racontĂ©e par M.Night Shymalan cultive le mystĂšre. Pourtant, aucun twist final ne reviendra rebattre les cartes. La conclusion est finalement plutĂŽt attendue, logique. On peut noter que le cinĂ©aste n’a que trĂšs peu appuyĂ© les rĂ©fĂ©rences Ă  nos sociĂ©tĂ©s pourtant latentes dans l’ouvrage papier. Les rĂ©flexions sur la dĂ©sinformation et le vivre ensemble restent ainsi en surface, le rĂ©cit prĂ©fĂ©rant ne pas marteler les spectateurs plus que de raison.

Le cinĂ©aste Ă©vite ainsi d’enfoncer des portes ouvertes, mais tombe parfois dans le piĂšge de l’explication littĂ©rale. Ce qui aurait dĂ» ĂȘtre passĂ© sous silence est expliquĂ© au moyen de lignes de dialogue. Un manque de subtilitĂ© dont on ne lui tiendra pas rigueur, Knock At The Cabin Ă©tant finalement assez bien ficelĂ©.

Reste qu’on attendait du cinĂ©aste une production plus radicale, la promotion du film ayant rabĂąchĂ© son caractĂšre inĂ©dit. Ce qui devait ĂȘtre un film plus proche de l’horreur que de l’épouvante manque d’hĂ©moglobine et d’un peu de panache. L’épilogue confirme d’ailleurs ce sentiment. On pardonne volontiers Ă  M.Night Shyamalan cette approche un peu tiĂšde, tant le casting sauve la mise Ă  plusieurs reprises.

Un casting qui envoie du bois

RĂ©cemment, Dave Bautista annonçait vouloir s’écarter des partitions comiques qui lui sont rĂ©guliĂšrement confiĂ©es pour s’attaquer Ă  des rĂŽles plus dramatiques. Exit Drax et ses calembours Ă  n’en plus finir, l’acteur explore de nouveaux horizons, et grand bien lui fasse. Il vole la vedette au reste du casting avec sa performance oscillant entre celle d’un antagoniste et un protagoniste plus touchant. Il offre de beaux moments de sensibilitĂ©. Le reste du casting est tout aussi brillant, Ă  commencer par Nikki Amuda-Bird qui avait dĂ©jĂ  jouĂ© devant la camĂ©ra de M.Night Shyamalan pour Old.

Rupert Grint continue sa mĂ©tamorphose, parvenant Ă  faire complĂštement oublier son rĂŽle de meilleur ami un peu gauche dans la saga Harry Potter. Ce n’est d’ailleurs pas la premiĂšre fois qu’il apparaĂźt devant la camĂ©ra du rĂ©alisateur puisqu’il avait dĂ©jĂ  fait dĂ©monstration de son talent avec la sĂ©rie Servant diffusĂ©e sur Apple TV+. Enfin, on terminera sur la performance du trio de tĂȘte, menĂ© par Jonathan Groff, Ben Aldrige et la trĂšs jeune Kristen Cui. Tout le monde s’en sort Ă  merveille surtout dans les moments plus dramatiques du film. Dommage que le rĂ©alisateur ne se dĂ©tache un peu trop de ses sujets Ă  mi-parcours.

Finalement, le film s’arrĂȘte aux portes de nos cƓurs. On s’attendait Ă  ce que Knock At The Cabin frappe fort, c’est finalement un coup d’épĂ©e dans l’eau. Le film compte sans doute parmi les Ɠuvres les plus mineures de la filmographie de M.Night Shyamalan, lui qui indiquait pourtant rĂ©cemment n’avoir jamais autant bossĂ© pour un film. Toc, Toc… Qui est lĂ  ? Sans doute pas le succĂšs escomptĂ©. Tant pis, on se contentera d’un film assez intĂ©ressant pour occuper nos week-ends pluvieux.

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Notre avis

Avec son postulat de dĂ©part saisissant, et ses enjeux dramatiques efficaces, Knock At The Cabin avait tout pour plaire. Malheureusement, le rĂ©cit reste trop en surface et n’explore pas assez ce qui avait fait de l’ouvrage papier un vĂ©ritable succĂšs. En rĂ©sulte un film dont la tension dramatique s'Ă©lime doucement jusqu’à une conclusion en demi-teinte.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
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