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[Interview] Bertrand ‘ElkY’ Grospellier – Starcraft, ses débuts au Poker, sa passion pour Hearthstone

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De passage à Paris, l’ancien champion de Starcraft et l’actuel joueur professionnel de Poker est revenu avec nous sur son parcours de joueur (de STR et…

De passage à Paris, l’ancien champion de Starcraft et l’actuel joueur professionnel de Poker est revenu avec nous sur son parcours de joueur (de STR et de Poker), sur sa passion du moment (Hearthstone) et sur ce que pourrait être le jeu vidéo dans 100 ans.

Journal du Gamer : Comment tu es passé de Starcraft au Poker ?

Bertrand Grospellier : C’est un ami qui jouait avec moi à Starcraft en Corée qui m’a fait découvrir le Poker. C’était en 2003 et je n’avais aucune idée de ce que c’était. Mais il a su me convaincre d’essayer et une après-midi je me suis dit ‘pourquoi pas’. C’est aussi simple que ça. Les deux premiers mois, je ne prenais pas trop ça au sérieux, mais j’adorais le concept parce que c’est un jeu qui possède beaucoup de composantes différentes et qui demande plusieurs talents. Il faut être bon en maths et en probabilités, mais aussi en psychologie, et en stratégie également. Ça se rapproche de Starcraft dans la mesure où expliquer le jeu à quelqu’un prend 5 petites minutes à peine, mais pour le maîtriser des centaines de parties sont nécessaires.

JDG : Et tu as décidé ensuite de t’y mettre sérieusement, donc ?

B. G. : Oui, je voulais vraiment progresser, j’ai lu des livres, j’ai parlé avec beaucoup d’amis qui jouaient, j’ai vraiment essayé de progresser et c’est ce qui s’est passé. Je gagnais de plus en plus, je me suis qualifié pour des tournois de plus en plus gros… Et en même temps, c’était un peu difficile avec notre manager sur Starcraft. D’autant plus qu’à l’époque, pour être pro dans le jeu vidéo, il fallait vivre en Corée et être dans les 10 meilleurs mondiaux. Les joueurs avaient très peu de vacances, tu ne voyageais pas beaucoup non plus parce qu’il n’y avait pas encore de ligue internationale… Les conditions étaient difficiles. Le Poker donne plus de liberté, et surtout l’occasion de voyager. C’est la liberté et le mode de vie qui m’ont convaincu de passer de l’un à l’autre.

JDG : Est-ce qu’on peut dire que Starcraft était trop exigeant ?

B. G. : Ça demande beaucoup de qualités en tout cas, similaires à celles que demande le Poker d’ailleurs : beaucoup de sang froid, la capacité de résister à la pression, l’esprit de compétition, réfléchir très rapidement. Mais dans Starcraft, en plus de tout ça, tu dois aussi être extrêmement rapide à la souris. Plus tu cliques vite, plus tu peux réaliser d’actions. Plus tu réalises d’actions, plus tu peux mettre en place ta stratégie.

Il y a également beaucoup de psychologie ; beaucoup plus que ce que les gens pensent. C’est un peu comme au Poker ou à Hearthstone, le metagame est un aspect important du jeu. Il faut bien connaitre les « ordres de construction » à la mode pour pouvoir les contrer. Du coup, tu peux bluffer. Tu peux montrer des bâtiments spécifiques à tel ordre de construction et ensuite passer sur un autre ordre de construction, ou même annuler tes bâtiments pendant qu’ils sont en construction.

Autre similitude entre les deux jeux : il faut savoir s’adapter à tes adversaires. En fonction de contre qui tu joues, la stratégie optimale va être différente. Ce qu’il faut, c’est pouvoir contrer le jeu de ton adversaire ; si l’adversaire bluffe à tous les coups avec tapis, il faut jouer un style plus passif ; si à l’inverse il a peur de payer, il faut jouer agressif. Là c’est très basique mais il y a beaucoup de sous-stratégies, et c’est pareil à Starcraft.

JDG : Pour conclure sur le STR, tu ne penses pas que le genre a été englouti par le MOBA ?

B. G. : Pour moi c’est un phénomène « boule de neige » qui se créé parce que les MOBA sont gratuits, que ce sont des jeux en équipes et qu’ils sont extrêmement populaires. Jouer seul c’est plus décourageant, et il y a la question du prix. Dans un Dota 2 ou un League of Legends, tu peux aller jouer sans rien dépenser, et tout le monde a des amis qui jouent à un de ces deux jeux. C’est exactement pareil pour Hearthstone.

JDG : Hearthstone justement, très gros succès populaire de ces deux dernières années.

B. G. : Le jeu est vraiment bien fait. Tu as des titres bien plus complexes graphiquement ou stratégiquement mais Blizzard a réussi à créer cet équilibre si dur à trouver accessibilité/profondeur. Tu peux créer ton deck, gagner des cartes, remplir des quêtes. Ça attire beaucoup de joueurs qui jouent ni aux cartes ni aux jeux vidéo. Le joueur de Poker Daniel Negreanu ne joue pas aux jeux vidéo mais il est à fond sur Hearthstone.

JDG : Kasparov a dit que dans 100 ans, League of Legends sera mort mais les Echecs seront toujours-là. T’en penses quoi ?

B. G. : Déjà, je pense qu’il est impossible de prédire ce que sera le jeu vidéo dans 100 ans, surtout maintenant que l’évolution technologique est exponentielle. Même dans 15 ou 20 ans, bon… Si ça se trouve on aura des modules pour augmenter notre intelligence et on sera tous capables de bien jouer aux Echecs.

Mais plus sérieusement, je pense que les jeux vidéo seront encore plus populaires dans 100 ans qu’ils le sont maintenant. Intellectuellement, les Echecs c’est un jeu très excitant, mais ça reste un jeu de niche. Le gros avantage de League of Legends ou de Dota 2 c’est que graphiquement c’est très parlant. C’est fun à regarder, d’autant que certains commentateurs sont très bons. Si tu n’es pas un pro d’Echecs, regarder une partie pendant des heures ça peut être très ennuyeux…

Le Poker se situe entre les deux, et c’est un peu le challenge de l’industrie en ce moment : le rendre plus attrayant pour les nouveaux joueurs, parce que c’est extrêmement fun à jouer mais à regarder c’est trop lent. Twitch aide beaucoup en ce sens. D’ailleurs je suis sur Twitch (http://www.twitch.tv/elky) depuis quelques mois, je streame du Poker et du Hearthstone. Ça change tout parce que le Poker devient beaucoup plus amusant à regarder ; tu peux expliquer en direct le raisonnement des joueurs et voir leurs réactions. En plus, c’est pratiquement du live. Si tu t’intéresses un peu au Poker, quand tu regardes des émissions de Poker à la télé, quand elles sont montées, tu as déjà tous les spoilers. Sur Twitch, ce n’est pas le cas ; c’est un incroyable medium.

La bio d’Elky sur PokerStars.fr
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