Gobee quitte la France après de nombreuses dégradations
Trop c’est trop. Gobee.bike et ses vélos en libre-service quittent la France en raison de trop nombreux vols et dégradations. Une spécificité française ? Loin de là.

Depuis plusieurs jours les médias sont en boucle à la suite du départ de Gobee de France. Il faut dire que l’entreprise n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a fallu expliquer les raisons du départ : « La destruction de masse » de ses vélos, « nouveau divertissement d’individus le plus souvent mineurs ». Rien de moins. Et la compagnie de livrer les chiffres du désamour : si 2 000 bicyclettes étaient laissées en libre-service dans Paris, 3 400 vélos ont été endommagés et plus de 1 000 volés depuis l’arrivée de Gobee dans la capitale.
Suffisant pour titrer sur l’incivilité des Français, le french bashing reprenant vite ses droits dans les colonnes de la presse internationale (et française), ça faisait (trop) longtemps.
https://twitter.com/franceculture/status/968357728509980673
Un mal français ?
Pourtant, à y regarder de plus près et comme n’ont pas manqué de le souligner certains médias comme Mashable, ce problème n’est pas un typiquement français. Gobee.bike a connu les mêmes désagréments dans tous les pays où la firme s’est installée : Belgique, Angleterre, Italie (Florence, Turin, Rome), Hong Kong et Chine. Dans l’Empire du Milieu, ce système de vélos en libre service est même devenu un véritable « problème d’urbanisme », des cimetières de vélos fleurissent dans le pays. Comme le montre The Guardian sur ces photos :
Chinese bike share graveyard a monument to industry's 'arrogance' https://t.co/Ur9dYWeH3m
— Jean-Marie Vailloud (@grangeblanche) November 25, 2017

Un business model en question
Pourtant, l’entreprise n’a jamais remis en cause son business model. Ce système de vélos en libre-service, sans quai ou dock de stationnement, n’est pas sans faille. En abandonnant la nécessité de ramener le vélo à un quai de stationnement, comme Vélib & Co, la firme permettait aux utilisateurs de relâcher le vélo où il le souhaitait. Pour déverrouiller et louer un vélo, il suffisait d’utiliser une application mobile (avec géolocalisation de la flotte) et de le laisser quelque part une fois arrivé à bon port. Un système censé faciliter leur accès. Mais ce système a été mal compris par la plupart des utilisateurs, qui les laissaient un peu n’importe où, et ne prenait pas soin de leur monture une fois utilisée.
J'ai vu Gobee en déposer dans mon quartier, une dizaine sur un bout de trottoir, je ne pleure pas leur disparition
— Vincent Daniel (@VincentDanie_l) February 27, 2018
https://twitter.com/maxledaron/status/968434005338095617
Exposés ainsi, les vélos n’en étaient que plus vulnérables aux vols et autres détériorations. D’ailleurs, Gobee a quitté la Belgique, car le « vandalisme et les dommages causés à [sa] flotte de bicyclettes ont atteint des limites que [la firme] ne peut plus surmonter ».
Pourtant, ce type d’entreprises de vélos en libre-service fleurit et promet d’envahir de nombreuses autres villes. Pour se faire connaitre, elles n’hésitent pas à disperser des milliers de vélos dans les rues. Ofo et Mobike, concurrents de Gobee à Paris ont d’ores et déjà prévu de faire grossir leur flotte.