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Après la pornographie, le contrôle de l’âge pourrait être étendu aux réseaux sociaux

Après la pornographie en ligne, le double anonymat pourrait aussi être appliqué aux réseaux sociaux.

Au début de l’été, c’est un coup de massue aux allures d’échec qui frappait les tentatives de régulation de l’industrie pornographique en ligne. Après des mois de débats intenses entre les plateformes web et les autorités françaises, le gouvernement prenait finalement la décision de reporter sa décision du 7 juillet 2023, faute de consensus satisfaisant. Un court répit pour les géants de l’industrie pour adulte, désormais acculés de toutes parts à l’échelle internationale.

Le double anonymat comme solution idéale ?

Avant la décision de report gouvernemental, c’est le double anonymat qui semblait s’imposer comme la solution la plus fiable et la plus respectueuse de la vie privée de ses utilisateurs. Plus sécurisée et moins intrusive qu’un selfie ou que la présentation d’une carte d’identité (deux solutions évoquées au début de l’année, avant d’être rapidement balayées), la vérification de la majorité en double anonymat repose sur une attestation de majorité valable trois ans, qui pourra être fournie sur simple demande par un opérateur télécom, un fournisseur d’identité numérique ou tout autre organisme susceptible d’attester de la majorité d’une personne. Concrètement, l’organisme qui fournit l’attestation de majorité ignore pourquoi cette dernière est requise. De son côté, le site sur lequel l’attestation est utilisée n’a pas accès à l’identité de la personne, mais à un simple token d’autorisation.

Grâce à cette méthode, le gouvernement espère réussir à mettre en place une méthode d’authentification fiable pour les personnes majeures, sans pour autant rogner sur le droit à la vie privée. Car c’est bien là que le sujet fait débat. D’un côté, la protection des mineurs est primordiale, de l’autre, il paraît dangereux de “pister” l’activité en ligne des internautes sans garantie de la protection de leur vie privée. La possibilité d’une levée totale de l’anonymat a déjà été débattue, et sonne comme une dérive pernicieuse pour les défenseurs des droits individuels.

Une méthode française déjà opérationnelle

Alors que le double anonymat constitue à ce jour, selon l’avis de l’Arcom, de la CNIL et du ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot, “le système le plus robuste” à ce jour, une entreprise française fait office d’avant-gardiste. Depuis déjà plusieurs mois, la société Greenbadg a déployé son dispositif en test. D’abord sur la plateforme pornographique Tukif, avec une vérification optionnelle, mais efficace de la majorité directement depuis un smartphone.

Plus récemment, la start-up marseillaise a officialisé un partenariat avec le géant Dorcel, puis avec la plateforme de vente de CBD High Society. “On attend la promulgation de la loi SREN”, nous indique Jacky Lamraoui, fondateur et CEO de Greenbadg. “On est déjà opérationnels, quand la loi sera appliquée, on sera là“. D’autres entreprises parmi les plus imposantes de l’industrie du X devraient à leur tour rejoindre le mouvement.

Les réseaux sociaux aussi ?

Avec des débats reportés à la semaine dernière, la loi SREN et la protection des mineurs sur les sites pour adultes pourraient être applicables au plus tôt le 1er janvier prochain. L’Arcom s’apprête à sortir un référentiel avant la fin de l’année, et les sites pornographiques pourraient n’être que la partie immergée de l’iceberg. “La suite logique, c’est que la vente de CBD, d’alcool, ainsi que les paris sportifs soient régulés de la même manière“, détaille Jacky Lamraoui. “À terme, les réseaux sociaux aussi pourraient être soumis à ce même type de vérifications. Nous sommes en échange constant avec les grands acteurs du secteur, c’est quelque chose qui est tout à fait envisageable“.

En garantissant l’âge minimal de l’accès aux réseaux sociaux, les autorités pourraient faire d’une pierre deux coups, en protégeant les plus jeunes d’un accès prématuré aux plateformes en ligne, mais aussi en instaurant des limites différentes en fonction du contenu. Il y a quelques jours, on apprenait que les créateurs et créatrices de contenu pour adultes pourraient bientôt être interdits de faire de la promotion pour leur compte Mym ou OnlyFans, de la même manière que les influenceurs n’ont déjà plus le droit de promouvoir des paris sportifs ou des jeux en ligne sur une plateforme accessible aux mineurs.

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