Une ville française doit verser 10 000 euros à Warner Bros

Ce dimanche 22 octobre, la commune de Grigny s’est retrouvée dans la tourmente. Pour célébrer le début des vacances de la Toussaint, et marquer l’arrivée imminente d’Halloween, la petite ville située près de Lyon organisait son désormais traditionnel “Marché du petit sorcier”. Depuis 2018, la commune convie les fans du petit sorcier à lunettes pour une journée placée sous le signe de la magie, de la gourmandise et des univers imaginaires. Quelque 25 animations ont rythmé la journée et plus de 70 stands ont pris forme. En 2023, 15 000 billets ont été vendus, le succès était tel que des jauges maximales ont dû être mises en place pour assurer la sécurité des visiteurs. Un tel engouement n’est évidemment pas passé inaperçu, il a été repéré par Warner Bros.

Le Progrès rapporte que la société américaine a réclamé un dédommagement de 10 000 euros pour usage non autorisé de sa licence. Si la commune n’a jamais directement convoqué des éléments rappelant la saga pour faire la promotion de son événement, le rapprochement entre ce marché des sorciers et l’univers imaginé par la romancière n’aurait pas été vu d’un très bon œil. Cette célébration était présentée en 2022 par l’adjoint au maire comme “un événement hétéroclite pensé pour tous, qui rassemble à la fois les fans de la saga mais aussi plus largement les amateurs de magie, de sorcellerie, des ondes fantastiques”. 

Pour ces “quelques références à Harry Potter”, le conseil municipal a dû voter en urgence une subvention afin de verser la somme demandée par le studio américain et propriétaire de tout ce qui a trait aux aventures du petit sorcier à lunettes. La pénalité ne concerne pas seulement l’édition 2023, mais aussi les trois précédentes. Ce n’est pas la première fois qu’un événement mentionnant Harry Potter est attaquée par Warner Bros. En 2022, c’est le château du Rocher Portail près de Fougères qui était mis en demeure par l’entreprise pour ses soirées “La nouvelle école des sorciers”. Après s’être entourée de plusieurs avocats, le propriétaire du domaine avait revu son événement pour qu’il n’inclue plus aucune référence à la saga et qu’il explore davantage l’histoire des lieux.

Le tourisme cinématographique a le vent en poupe

Pour remettre la lumière sur le patrimoine français et favoriser le tourisme local, les initiatives similaires sont nombreuses. De nombreuses régions du monde misent d’ailleurs très largement sur l’empreinte du 7ᵉ art pour attirer des visiteurs. C’est le cas en Irlande du Nord, où de nombreux paysages ont été immortalisés pour la série Game of Thrones. L’Écosse est également un passage obligé pour les fans du petit sorcier à lunettes, qui pourront apercevoir le train qui a inspiré J.K Rowling pour son Poudlard Express. Une étude menée par Hotels.com, Abritel et Expedia.fr mentionnait d’ailleurs l’impact qu’ont les séries, documentaires et films sur le tourisme en 2022. Ces productions audiovisuelles sont “la deuxième source d’inspiration pour partir en voyage (20%), dépassant désormais les réseaux sociaux”.

Néanmoins, ce phénomène est parfois à double-tranchant. Certaines destinations ont été prises d’assaut, au point où les autorités locales ont dû mettre en place des restrictions. C’est le cas à Dubrovnik, lieu qui accueillait le tournage des séquences à Port-Réal dans la série Game of Thrones. La ville a été mise en garde par l’Unesco en 2016 sur la perte de son statut de patrimoine mondiale si l’affluence ne diminuait pas au cours des prochaines années. Dorénavant, seuls 4 000 personnes sont autorisées à visiter le vieux centre de la ville tous les jours. Dans le cas de Grigny, un compromis pourrait être trouvé. La commune annonce ne pas vouloir renoncer à son événement et se dit prête à “avancer avec la Warner”. Un partenariat n’est ainsi pas à exclure.

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