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Panne de Google : 3 questions à une avocate experte en cybersécurité

Après une panne inédite de son système d’identification, le géant Google s’est retrouvé quasiment hors service pendant près de 45 minutes.

Crédits : PhotoMIX-Company via Pixabay

Lundi 14 décembre, 12h47, heure de Paris. Une panne massive et jusqu’alors inédite frappe le géant Google. Pendant près de 45 minutes, les internautes du monde entier sont dans l’incapacité d’accéder à leur messagerie Gmail, à leur compte YouTube, ou encore à leurs documents stockés sur Google Drive. S’il était encore possible d’accéder au moteur de recherche, ou encore à YouTube via la navigation privée, tous les services de l’entreprise de Mountain View nécessitant une authentification ont temporairement été inaccessibles, nous empêchant au passage de nous divertir, de travailler ou encore de communiquer. Tandis que Google a rapidement résolu le problème, se feignant au passage d’un long communiqué d’excuses via son blog officiel, l’avocate Sabine Marcellin, experte en droit du numérique, protection des données et cybersécurité du cabinet DLGA nous a livré son éclairage sur les dangers d’une telle situation, pour le moment restée inédite.

En quoi l’omniprésence de Google dans notre vie numérique peut-elle être un danger pour les utilisateurs, notamment dans le cas d’une panne comme celle que l’entreprise vient de connaître ?

Me Sabine Marcellin, avocate experte en droit du numérique, protection des données et cybersécurité : Le premier danger de cette situation, c’est la limitation de la vie privée. Plus une entreprise est présente sur le marché, plus elle a d’informations sur ses utilisateurs, notamment grâce au dépôt de cookies. De plus, il y a le risque de défaillance, même si on n’imagine pas ce genre de situation. Les sociétés importantes comme les GAFAM ont des capacités à leur mesure, que ce soit en termes de maintenance ou de cybersécurité, justement pour pallier ce genre de problème qu’on n’imagine pas. Google a des applications dans tous les domaines, que ce soient les loisirs, le professionnel ou le personnel, sans compter leur engagement dans la recherche et leur collaboration avec certaines entreprises. Il est certain qu’une réelle panne de l’entreprise aurait des conséquences à la mesure de son ampleur, c’est à dire dramatique.

Cette panne, bien que temporaire, a démontré que même chez les GAFAM, des failles existent. Peut-on imaginer que le phénomène se reproduise à l’avenir, chez Google ou chez un autre grand acteur du marché ?

Me Sabine Marcellin : Heureusement, Google et les GAFAM sont parmi les plus avancés techniquement dans leur domaine, et notamment en cybersécurité. Cependant personne n’est infaillible, et c’est justement pour ça qu’en Europe, il existe des réglementations qui ont pour objectif de responsabiliser les entreprises. Le RGPD par exemple, oblige les responsables de traitement à assurer la sécurité et la confidentialité des données personnelles des utilisateurs. Si un problème plus important survenait, l’entreprise pourrait même être sanctionnée pour avoir manqué à ses obligations.

Existe-t-il des alternatives concrètes pour les utilisateurs qui voudraient se détacher des GAFAM ?

Me Sabine Marcellin : C’est une question délicate, parce qu’elle n’est pas que juridique, elle est aussi économique. Concrètement, les alternatives qui existent aujourd’hui sont modestes. De plus, dès qu’on parle de certaines activités, comme le stockage en cloud, il n’y a pas vraiment d’entreprises qui peuvent rivaliser avec les GAFAM, qui ont une énorme avance, aussi bien technique que commerciale. Soyons réalistes, Google et ses consorts ont une telle avance qu’aujourd’hui la question n’est pas de savoir s’il existe une alternative, mais plutôt comment travailler avec les géants du web, et surtout comment éviter que leur puissance ne se retourne contre les utilisateurs. Il n’y a pas de solution miracle à ce sujet, mais l’objectif de l’Union européenne c’est d’élever le niveau de sécurité, et d’avoir une zone Europe garante d’une informatique plus éthique et plus respectueuse des droits humains.

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1 commentaire
  1. Il n’y a pas de solution sans risque. S’adosser a un GAFAM, c’est choisir la sécurité technique fournie par une grande structure, mais c’est confier ses données à un tiers. Choisir d’heberger et de maintenir soit-même ses systèmes c’est s’exposer à de gros risques de sécurité des données (persistance et intrusion) et ça coûte très cher.

    On pourrait prendre un acteur plus petit. Mais c’est prendre le risque d’avoir une sécurité plus faible tout en ne sachant pas si lui-même n’est pas adossé à un GAFAM…

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