[Test] Life is Strange
En expliquant au joueur qu’il peut revenir à tout moment sur les choix de Max (sauf durant certaines séquences qui sont, justement, parmi les plus mémorables de la saga), Dontnod donne une importance bien trop forte à cette notion. On en attend quelque chose, on veut que cela compte. Sauf que, à la fin, la dure réalité de l’illusion du choix frappe le joueur en pleine figure. Il n’y a jamais eu de choix. Il n’y a jamais de réelles répercussions.
Les choix que nous donne Dontnod ne sont plus réellement des choix. Ce sont des paris aveugles sur l’avenir, car il n’est jamais possible de connaître les conséquences lointaines d’une décision donnée. Ils ne sont basés ni sur notre bon sens, ni sur notre capacité à décider rapidement et à assumer ensuite. On reste dans cette posture du joueur spectateur, dictant à une Max Caulfield toute puissante, même si attachante, ce qu’elle doit faire. On ne s’inquiète jamais vraiment pour elle, il n’y a jamais vraiment de tension. Après tout, elle pourra toujours revenir dans le temps en cas de problème.
Le thème des voyages temporels peut vraiment être un excellent outil pour un jeu vidéo. Il est capable de mêler habilement construction narrative et ludique. Il ajoute une 5e dimension au jeu et permet au joueur d’explorer différentes lignes temporelles. Dans Life is Strange, le format épisodique n’est malheureusement pas très bien adapté aux retours dans le temps. Il aurait certainement fallu laisser des libertés au joueur, lui permettre d’explorer davantage les lignes temporelles, y compris en revenant loin dans le passé, dans les anciens épisodes, pour créer un véritable puzzle temporel à résoudre duquel auraient pu découler plusieurs fins différentes. Au final, dans Life is Strange, le joueur est trop libre pour qu’on puisse lui imposer un rythme de narration efficace et pas assez pour utiliser pleinement les pouvoirs temporels de Max.
[nextpage title= »De bonnes idées, quand même »]
On peut également saluer la bande-son particulièrement bien choisie. Les doublages sont convainquant et la direction artistique, « à la Juno », habille habilement les modestes ambitions techniques du jeu. Il y a quelques bonnes choses à retenir de Life is Strange, mais ces qualités ne parviennent pas à compenser les baisses de rythme terribles du jeu et l’approximation de la structure narrative du titre. Surtout sur la toute fin.
Notre avis
Life is Strange est la tentative de Dontnod de sortir de la boucle ludique infernale que nous propose TellTale Games depuis quelques années. Et s’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est d’essayer de construire sur cet héritage quelque chose de résolument nouveau. Malheureusement, le résultat n’est pas transcendant. La conclusion, particulièrement décevante, tant elle annule tous les enjeux mis en place par les épisodes précédents, finit à mon sens de plomber un concept qui était bon, mais qui, in fine, se révèle bien trop inégal pour être réellement concluant. Dommage.