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[EYEO a tout compris] Adblock Plus se met à la publicité

L’éditeur allemand EYEO ne permet plus seulement de bloquer les publicités grâce à son logiciel star Adblock Plus (ABP), il propose désormais… de vendre de la publicité. « Acceptables » cela s’entend. De quoi s’interroger sur cette société qui devient juge et partie.

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C’est une nouvelle qui va fait rire… jaune. EYEO, la société éditrice d’Adblock Plus, chantre de la « publicité acceptable », au grand dam des éditeurs de site internet qui voient dans cette politique des manœuvres de racket, devient… une régie publicitaire. Permis d’en rire donc.

Concrètement, EYEO va mettre en relation des éditeurs de site internet qui ont des espaces publicitaires à vendre, avec des annonceurs désireux d’en acheter. Elle ne vend pas à proprement parler ses propres publicités (elle s’en défend même), mais c’est tout comme puisqu’elle seule décide celles qui ont droit de cité.

EYEO devient une régie publicitaire

Le 13 septembre EYEO a donc lancé sa plateforme Acceptable Ads (en version bêta pour l’instant), une solution SSP (Supply-side-platform) en partenariat avec ComboTag , qui permet aux éditeurs de mettre leur espace publicitaire en vente via des enchères en temps réel. Ces publicités, répondant aux critères des « publicités acceptables », ne seront pas bloquées, sauf si l’utilisateur le décide.

EYEO, et plus encore Adblock Plus, est devenu un acteur incontournable du web depuis quelques années maintenant et le lancement de sa politique des « publicités acceptables » fin 2011.

Contemporain de Toolbar, le logiciel bloqueur de publicité a gagné en popularité à mesure que les pop up, interstitiel, et autres publicités intempestives polluaient la toile et freinaient la navigation des internautes. Grâce à cette politique, petits et grands éditeurs pouvaient figurer sur la white list d’Adblock Plus et passer les filtres du logiciel. Certains, les plus gros sites selon EYEO, moyennant un passage en caisse, à l’instar de Google, Amazon, Microsoft ou Criteo.

Accusé de racket par les éditeurs

Toutefois, ces pratiques acceptables ne l’étaient pas pour nombres d’éditeurs qui dénonçaient un racket organisé. Plusieurs éditeurs, dont le géant allemand Axel Springer, ont ainsi trainé Eyeo devant les tribunaux en contestant sa légalité. Pour calmer le secteur, EYEO a fait amende honorable et promis la création d’un comité indépendant chargé de déterminer quel type de publicités peuvent figurer dans ce programme. Ce comité sera mis en place plus tard dans l’année.

Aujourd’hui, EYEO se charge donc de faire le passe plat, sans oublier d’empocher une petite commission au passage, 30 % à en croire la FAQ d’Acceptable Ads (20% selon The Verge dont 6 % de cette somme est destinée à ABP).

Cette commission sera prélevée sur les revenus générés par l’affichage des publicités aux utilisateurs d’Adblock Plus, les éditeurs ne payant aucune commission. Comme l’explique EYEO, lorsque ABP est activé sur un site dont l’éditeur fait partie du programme, seules les publicités acceptables s’affichent.

EYEO rappelle à cette occasion ce qui constitue une publicité acceptable. Elles doivent être bien placées et ne pas gêner la lecture (non invasive), se distinguer du reste du contenu (pas de publi rédac déguisé), respecter une certaine taille et être statique.

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La contre-attaque s’organise contre Eyeo

Adblock Plus précise en outre avoir remarqué que les utilisateurs, quand bien même ils en auraient la possibilité, ne bloquent jamais toutes les annonces, acceptables comprises, et veulent jouer un rôle dans le processus des publicités acceptables. C’est pourquoi EYEO recueillera leurs commentaires. Toutefois, la société reste très floue sur ce qu’elle collectera et conservera réellement. Verra-t-on bientôt arriver des publicités acceptables ciblées et élaborées à partir des centres d’intérêt des internautes ? EYEO indique que ces renseignements ne serviront (pour le moment ?) qu’à déterminer quelles sont les publicités acceptables.

Reste à savoir comment ce nouveau rôle va être perçu par le secteur, déjà peu enclin au compromis avec les bloqueurs de pub et plus encore avec le plus célèbre d’entre eux.

En France, Le GESTE (réunissant les principaux éditeurs professionnels de contenus et de services en ligne) a lancé la contre-attaque en début d’année et prépare actuellement sa rentrée. Son appel a une « action commune » contre les adblockers a fédéré nombres de sites web qui poursuivent aujourd’hui la riposte : L’Équipe, Le Figaro, Voici ou Le Monde proposent encore une alternative à leurs lecteurs détenteurs d’un tel logiciel.

Facebook s’est également lancé dans la bataille, avec plus ou moins de succès.

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Avec 22 milliards de manque à gagner en 2015 imputés aux bloqueurs de publicité, 200 millions d’utilisateurs la même année et 419 millions sur mobile désormais, il y a certes urgence à agir, mais aussi de l’argent à gagner. Ce que semble avoir compris EYEO, qui doit bien développer son modèle économique alors que la concurrence aiguise ses couteaux. En 2011, Till Faida, le cofondateur et PDG d’Eyeo GmbH, assumait d’ailleurs le fait d’être à la tête d’une « entreprise commerciale ».

Pour l’instant, seul le géant de l’édition allemand Axel Springer a fait plier EYEO en remportant sa première victoire judiciaire avec de multiples déconvenues. Une victoire en sursis puisque cette décision fait l’objet d’un appel.

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12 commentaires
  1. “Avec 22 milliards de manque à gagner en 2015 imputés aux bloqueurs de publicité”
    Pas la peine de recaler cette phrase à CHAQUE article sur la pub, on a compris que vous en souffrez aussi, mais tant que vous ne changerez pas de modèle, on fera pas d’efforts.

    1. C’est pas tout le modèle qu’il faut changer, juste virer les pubs intempestives, notamment sur les interfaces mobiles qui sont exaspérantes au possible et nuisent vraiment au confort de l’internaute.

      C’est tout l’enjeu de la commission indépendante que semble vouloir créer EYEO, mais personnellement j’aurai envie que ça soit prit en charge par une instance officielle internationale, ou une organisation comme la W3C, qui a déjà une influence. Le problème de cette nouvelle commission à venir, c’est que d’une part elle est justement nouvelle, personne dit que les éditeurs de contenu sur internet respecteront ses chartes, et d’autre part elle est créée par EYEO, donc on peut douter à un moment à un autre de ses réelles intentions.

  2. Je suis pas contre l’idée des “Acceptable ads” ; ce n’est pas tant un problème d’avoir des pubs ou des bannières, c’est surtout quand elles deviennent envahissantes, trashs, ou en mode phishing que ça devient un problème. Et on peut pas trop leur en vouloir de se faire de la tune… Qui n’en voudrait pas ? Au pire si y en a qui ont des références de ablockers qui ne font pas ce genre de choses ça m’intéresse aussi 🙂

  3. Au passage, je me régale quand je vais sur ce site avec mon téléphone.
    Pub full screen animée, longue à charger et ensuite… plus rien. Page blanche.

    C’est une drôle de façon de monétiser un site…

    1. la semaine dernière, j’ai eu 2 pubs full screen avec évidemment la croix incliquable, plus le bandeau du bas…et rebelote quand j’ai eu le malheur de vouloir lire un article !

      moi je dis bravo au JDG ! Parce que franchement, faut pas avoir honte d’essayer de culpabiliser ses lecteurs sans jamais être honnête sur le sujet. Ca fait des années que je vous ai blacklisté contrairement à NextInpact qui la joue franc jeu et mesuré.

      Le jour ou vous serez honnêtes et transparents et que la pub sera acceptable (oui oui, comme ce que propose EYEO), et bien la, peut-être que je penserai à vous mettre sur liste blanche.

  4. Une bonne fois pour toute, les rédacteurs ne sont aucunement responsables des publicités qui apparaissent ou non sur le site. Chacun son métier.
    Et quand bien même, rien ne nous empêche de traiter de ce sujet ou de n’importe quel autre en raison de ces fameuses publicités.
    Ceci étant dit, bonne journée à tous !

    1. Rien ne vous en empêche effectivement, mais c’est pas la peine de tourner certaines phrases de manière à faire passer le jdg pour une victime.
      Peu importe que les rédacteurs ne soient pas responsables des pubs, vous êtes une équipe, vous pouvez communiquer, surtout quand vous voyez les commentaires postés par les lecteurs.

      1. L’interprétation que vous donnez à mes phrases (en l’occurrence) ne regarde que vous. Aucune n’est tournée de manière à culpabiliser les lecteurs ou faire du JDG une victime, vous déduisez.
        Une étude (récente) a permis de donner une estimation du manque à gagner à imputer aux bloqueurs de pub donc oui, il est normal d’en faire référence en traitant ce type de sujet. Idem si une étude démontre l’inverse.
        Quant à la 2e partie de votre commentaire, autant reprocher à un ouvrier en bâtiment les choix de l’architecte. Ce dernier sera certainement fort intéressé par ses remarques ?

  5. Perso, je ne regarde plus les sites web par tel ou tablette, c’est juste cauchemardesque… je le fais uniquement par pc… et si j’ai le message ” vous utilisez un bloqueur de pub”, je pars sur un autre site pour avoir la même info.
    j’en suis même arrivé à avoir 4 bloqueurs de pubs en même temps sur le navigateur pour etre quasi sur de ne pas etre emmerdé…
    (et tant pis si le site visité ferme).

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